Le silence des confettis de Caroline Cano
Dirigée par Caroline Cano, la troupe de [...]
Focus -290-Le Printemps des Comédiens 2021
Isabelle Lafon crée pour le Printemps des Comédiens une pièce inspirée principalement par les interviews réalisées par Marguerite Duras dans les années 1960. Une partition sensible qui rappelle à la vie une foule de personnes et dessine en creux un portrait de l’intervieweuse.
On se souvient de Deux ampoules sur cinq, L’Opoponax et Let me try : ces pièces réunies sous le cycle Les Insoumises faisaient entendre de manière saisissante les mots et le rapport au monde d’Anna Akhmatova et Lydia Tchoukovskaïa, Monica Wittig et Virginia Woolf. Le théâtre singulier d’Isabelle Lafon révèle toujours des choses essentielles, inattendues, sans jamais se défaire d’une grande délicatesse. Pour le Printemps des Comédiens, elle crée à partir d’une demande de son programmateur Eric Bart une partition buissonnière, éclairant une Marguerite Duras méconnue, qui se fonde non pas sur ses œuvres, mais principalement sur les interviews qu’elle a réalisées dans les années 1960. Dont par exemple un entretien avec Lolo Pigalle, stripteaseuse aux propos impressionnants, ou une rencontre dans une bibliothèque à Harnes dans le Pas-de-Calais entre Marguerite Duras et des mineurs et femmes de mineurs, lors de laquelle elle a lu des textes de Henri Michaux et Francis Ponge. Ou encore des entretiens avec le journaliste Pierre Dumayet, des discussions du « groupe de la rue Saint-Benoît » au domicile de Marguerite Duras en compagnie de Robert Antelme, Dionys Mascolo, Edgar Morin, Claude Roy et d’autres.
Une forme libre entre mémoire et présent
« Je souhaite élaborer une forme libre, comme l’était Marguerite Duras. Une forme qui ne colle pas aux archives, mais invente une fiction qui nous porte et semble en quelque sorte s’échapper d’un cadre, dans une espèce d’instabilité, d’inachèvement. Si Pierre-Félix Gravière et Johanna Korthals Altes donnent corps aux personnages, imaginant des mois après ce qu’ils ont retenu de leur rencontre avec Marguerite Duras, j’apparais plutôt comme un électron libre, dans une parole au présent en lien avec le public. Et ma chienne Margo, qui n’obéit pas, écouterait… C’est un spectacle « comme au grand jour » où d’une certaine façon on ne cache rien. Un spectacle que chacun, y compris quelqu’un qui ne connaît rien à Duras, doit pouvoir appréhender. » confie la metteuse en scène. Un théâtre comme un rappel qui interroge le temps, la mémoire, ce qui fait pensée, voire ce qui fait scandale.
Agnès Santi
Théâtre d’O. à 19h30.
Dirigée par Caroline Cano, la troupe de [...]