Festival Prémices
Le Théâtre du Nord et La rose des vents [...]
Jacques Vincey crée La Vie est un rêve, de Calderón. Une nouvelle occasion, pour le metteur en scène associé au Théâtre du Nord, d’envisager le rapport à la monstruosité.
Quel mouvement vous a mené jusqu’au théâtre de Calderón ?
Jacques Vincey : Mettre en scène La Vie est un rêve est comme un défi que je me suis lancé à moi-même. Il s’agit d’une pièce-monstre, une pièce foisonnante, d’une richesse débordante, qui mêle baroque, comédie, tragédie, qui trace un parcours allant de l’intime au politique, en passant par l’allégorie sacrée. Pour cette nouvelle création, je vais aborder des plateaux plus grands, je vais être amené à faire des choses que je n’avais encore jamais faites, à me confronter à une forme d’inconnu pour me hisser à la hauteur de cette pièce. Calderón décline les figures fascinantes de la monstruosité : personnages mi-hommes, mi-femmes, mi-anges, mi-bêtes. Au fil des trois journées qui composent la pièce, on passe d’un chaos cauchemardesque à un ordre possédant la beauté et la fragilité des rêves.
Qu’est-ce qui vous lie aussi profondément à ce thème de la monstruosité ?
J. V. : Les questionnements existentiels qu’il sous-tend. Nous devons tous, chacun pour soi, mener un combat entre ce que nous sommes intimement et le monde qui nous entoure, un combat contre les forces extérieures qui menacent de nous engloutir, de nous anéantir… Ce combat amène le personnage de Sigismond à réaliser un parcours atypique : de l’ombre vers la lumière, de la passion vers la raison, de l’animalité vers l’humanité.
A travers quel prisme esthétique avez-vous choisi d’investir cette pièce ?
J. V. : Comme toujours, je ne souhaite pas me situer dans la reconstitution historique. L’actualisation contemporaine ne m’intéresse pas non plus. Ce que j’essaie de faire, c’est de lancer des ponts entre la pièce et notre imaginaire d’aujourd’hui, c’est de faire entendre les échos contemporains capables d’activer les sens du texte dans le monde dans lequel nous vivons. J’explore, une fois de plus, les rapports entre le rêve et la réalité, entre la virtualité et le concret. C’est le principe du grand théâtre du monde : se servir de la représentation pour mieux saisir ce que l’on est, pour mettre en évidence tout ce que cette représentation peut avoir d’illusoire et de trompeur.
Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat
Le Théâtre du Nord et La rose des vents [...]