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Focus -269-Pôle de danse verticale

L’envol en partage

L’envol en partage - Critique sortie Danse Charenton-le-Pont Pôle de danse verticale
© Olivier Penel Fabrice Guillot et Sarah Bruat, danseuse verticale et coresponsable pédagogique du Pôle de Danse Verticale.

Entretien Fabrice Guillot

Publié le 27 septembre 2018 - N° 269

Explications par Fabrice Guillot, pionnier de la danse verticale, chorégraphe et directeur artistique de la compagnie Retouramont.

Quelles sont les activités proposées au pôle de danse verticale ? Pour quels publics ?

Fabrice Guillot : Le pôle est un espace de transmission et formation. Nous proposons des cours réguliers destinés aux amateurs, des enfants à partir de 6 ans aux adultes. Nous lançons cette année de nouveaux enseignements dans des disciplines émergentes comme le yoga vertical pratiqué dans un hamac, ou la bungee dance, une danse qui s’effectue en étant suspendu à un élastique pieds au sol. Ce cours dont nous voulons privilégier la dimension chorégraphique plus que gymnique est une première en France. Pour les professionnels, nous proposons un entraînement régulier, des stages, des résidences, des accompagnements de projets. Outre notre studio intérieur, nous disposons cette saison de nouveaux espaces de pratique : des arbres du Bois de Vincennes, et certains bâtiments alentours qui nous ouvrent leurs façades. Nous sommes heureux de cette dynamique, à la fois ancrés dans notre voisinage, dans notre bassin de population, et ouverts à l’accompagnement de professionnels venus du monde entier.

« La danse verticale symbolise pour moi l’affranchissement des limites. »

Qui sont ces professionnels ?

F. G. : Ils sont issus d’univers artistiques divers. Nous formons bien sûr des chorégraphes de danse verticale, mais nous sommes aussi régulièrement en relation avec des compagnies ou structures associées à d’autres disciplines : arts de la rue, danse, cirque… Nous les accompagnons dans leurs recherches et leurs projets. De telles collaborations ne signifient pas une fusion des disciplines. La danse verticale est aujourd’hui suffisamment mature pour susciter et développer une fructueuse hybridation. En Ile-de-France, nous travaillons régulièrement avec la coopérative De Rue et De Cirque ou avec la Briqueterie à Vitry-sur-Seine. Très récemment, nous avons répondu à la demande du chorégraphe Mourad Merzouki qui, dans sa nouvelle création intitulée Vertikal, intègre un dispositif aérien de danse verticale. Quant au domaine des arts du cirque, le travail en commun permet de confronter voire de mêler des manières différentes d’appréhender l’espace. Avec pour le cirque l’aspect fondamental de la saisie par les extrémités, tandis que pour la danse verticale, le centre est tenu et les extrémités sont entièrement libérées. Soit pour simplifier : la tenue ou l’envol, l’abandon au vide… Ces croisements sont très stimulants. Nous-mêmes les explorons au sein de la compagnie Retouramont.

© Olivier Penel
Jeux d’Echelles, Théâtre de Fontainebleau, Les Journées Curieuses, sept. 2018. Avec Lucie Astier et Nathalie Tedesco.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La danse verticale affirme-t-elle une dimension internationale ? 

F. G. : Afin de structurer et de renforcer la discipline, afin aussi d’éviter le piège de l’isolement, nous avons en 2014 lancé l’idée d’un réseau international. Ainsi est né le Vertical Dance Forum, cofinancé par le programme Europe Créative de l’Union Européenne. Riches de démarches et parcours différents, les compagnies issues d’Europe et du Canada ont adhéré avec enthousiasme au projet. Au sein de rencontres annuelles, nous échangeons et réfléchissons à ce que signifie cette forme d’art singulière, dans sa pratique mais aussi dans la pensée et le regard critique qu’elle fait naître. La prochaine rencontre aura lieu en France en mai 2019. Se réunir entre pairs permet non pas de se concentrer sur sa passion, mais plutôt de s’ouvrir, de déplier la discipline, de nous interroger. En demandant par exemple : de quoi la danse verticale est-elle le signe ?

Quelle est votre réponse ?

F. G. : La réponse est sans doute plurielle, subjective. La danse verticale symbolise pour moi l’affranchissement des limites : celle physique de la gravité, celles liées aux usages contraints de l’espace urbain. Notre espace de vie devient ouvert, perméable à tous nos désirs. Aujourd’hui que la discipline est de plus en plus reconnue, des chercheurs, philosophes, sociologues, architectes urbanistes apportent aussi leurs propres réponses. Même si les centres de ressources ne disposent pas encore d’une bibliographie, des mémoires sont consacrés à la danse verticale, par Kate Lawrence, Wanda Moretti, Céline Torrent et d’autres. Pour réfléchir à la danse autant qu’à l’espace que nous habitons.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Pôle de danse verticale
197 rue de Paris, 94220 Charenton-le-Pont

Tél : 01 43 96 95 54. www.retouramont.com

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