Ninet’Inferno
Un spectacle dérangeant et fort où Roland [...]
Focus -235-THÉÂTRE DE L'ARCHIPEL, SCÈNE NATIONALE DE PERPIGNAN
Né en 1964, Roland Auzet est compositeur, percussionniste et metteur en scène. Avec Ninet’Inferno, il poursuit une activité et une réflexion au croisement des arts.
Dans cette production, vous êtes à la fois compositeur, librettiste et metteur en scène. Avez-vous procédé par étape ou la construction du spectacle mêle-t-elle ces trois aspects simultanément ?
Roland Auzet : J’ai tiré la pelote par plusieurs bouts. La lecture des Sonnets de Shakespeare amène une réécriture, qui fait naître des esquisses de musique qui à leur tour renvoient dans d’autres directions, me donnent des idées scénographiques et aboutissent à leur mise en plateau par Pascal Greggory et Mathurin Bolze. Le tout avance en même temps, les éléments se nourrissent les uns les autres. C’est un peu comme une matrice ; dissocier différentes phases d’écriture me semblerait impossible.
Vous vous définissez comme un « musicien de plateau ». Est-ce à dire qu’il y a dans votre écriture une part d’indétermination ?
R. A. : Il n’y a absolument aucune improvisation. En revanche, le plateau « parle » d’une manière spécifique : ce qui est écrit à la table prend sa propre vie une fois porté sur le plateau. Et c’est à la lumière de cette vie que je suis amené à modifier ce qui est écrit. Je peux être sans foi ni loi avec moi-même et par exemple supprimer la moitié de la musique parce que, à ce moment-là, je préfère le silence !
Le spectacle va tourner durant la saison 2016-17 dans une forme différente, sans orchestre. Cette partition nouvelle, électronique, est-elle un choix pragmatique ou une autre façon d’inventer le spectacle ?
R. A. : Soyons honnêtes, c’est l’un et l’autre. J’ai toujours imaginé deux formats pour ce projet, pour la simple raison qu’il est aujourd’hui inimaginable de faire une tournée de quatre-vingt représentations avec un orchestre. Mais je reste un saltimbanque : on me donne un orchestre, je joue ; on ne me donne pas d’orchestre, je joue quand même. La noblesse du compositeur, aujourd’hui comme toujours, est d’écrire de la musique et que cette musique soit jouée. En revanche, je n’aurais pas accepté de tourner avec un enregistrement de la version orchestre – cela n’aurait eu artistiquement aucun sens.
La musique sera donc entièrement réécrite ?
R. A. : Oui, c’est complètement autre chose, mais avec la même fonction dramaturgique, cette idée de prise en étau du récit par la musique, cette fois à travers une installation au plateau avec des haut-parleurs. Au fond, je me sers du travail scénique avec Pascal Greggory et Mathurin Bolze comme d’un laboratoire pour une nouvelle réalisation.
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
Tél. : 04 68 62 62 00. http://www.theatredelarchipel.org/