Le festival vénitien du Poème Harmonique de Vincent Dumestre

L’embarquement immédiat pour Venise en compagnie du Poème Harmonique s’ouvre avec la redécouverte de L’Avare de Gasparini, dans une production de Théophile Gasselin créée au théâtre de Caen. Inspiré par la célèbre pièce de Molière, l’intermezzo la condense en trois actes et quatre personnages, avec des citations et certaines scènes emblématiques, comme celle de la cassette. En adoptant le point de vue de Fiammetta, qui se travestit pour tromper son harpagon de voisin, Pancrazio, cette farce lyrique peut être rapprochée de la satire féministe L’Uomo Femina de Galuppi, un autre joyau oublié que Vincent Dumestre avait dirigé sur la scène normande. « Une forme de liberté dans la République de Venise en a fait l’un des fers de lance d’une philosophie progressiste qui a mis les femmes en avant. »

Carnaval sacré et populaire

À Notre-Dame de la Gloriette, le chef français fait revivre la musique sacrée de Vivaldi telle qu’elle était jouée à l’époque, où l’expression de la dévotion populaire, avec processions et laudes chantées dans les rues, accompagnaient l’office liturgique. Un Nisi Dominus anonyme répond à celui, célèbre, du Prêtre Roux. Quant au Carnaval Baroque, ce concert mis en scène en 2006 par Cécile Roussat, qui fait appel à la danse et aux arts du cirque, revient à Caen pour une troisième série de représentations, avec la scénographie renouvelée il y a deux ans. « Nourri par la commedia dell’arte, le spectacle se réinvente à chaque reprise. Le corpus musical évolue en fonction des artistes. » Après 20 ans et plus d’une centaine de dates, cet « objet artistique vivant est devenu un exemple de durabilité », et un emblème de la fête vénitienne que le Poème Harmonique souhaite partager avec un de ses soutiens de longue date, le théâtre de Caen.

Gilles Charlassier