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Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel font partie de ces directeurs et directrices qui au-delà des discours convenus savent véritablement habiter le théâtre d’une présence chaleureuse, à l’écoute. Un atout majeur pour les artistes comme pour les publics.
Comment avez-vous abordé cette première saison à la tête du Rond-Point ? Quels en sont les axes directeurs ?
Stéphane Ricordel : Diriger un théâtre, c’est une aventure artistique et humaine, que nous poursuivons avec ce que nous sommes et ce que nous défendons. Nous nous inscrivons dans la continuité du travail de Jean-Michel Ribes, qui est parvenu à faire du Rond-Point un lieu emblématique à Paris, présentant des auteurs vivants. Nous allons continuer à mettre en lumière la création contemporaine, en imprimant notre patte. Avec une ouverture à toutes les disciplines, avec l’accueil d’artistes de tous horizons, confirmés mais aussi en devenir, que nous avons à cœur de faire découvrir. À l’image de Miet Warlop, peu connue du grand public, qui a ouvert notre saison avec un concert-performance athlétique, étonnant et exaltant. Nous sommes ici dans un bel endroit, une belle maison, habitée par une belle équipe, qui a le sens du collectif. Riche d’une histoire initiée en 1981 par Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault, ce théâtre est nourri par une énergie et un vécu. Il ne s’est jamais endormi. Nous façonnons à notre tour sa singularité. En dehors des spectacles, le théâtre propose toujours les comités de lecture, les pistes d’envol avec lectures publiques, mais aussi des résidences d’artistes, des ateliers, des masterclasses…
Laurence de Magalhaes : Ce qui attire dans un lieu, c’est la programmation. Ce sont les artistes qui font une maison, qui motivent et créent du sens. Si au Monfort, nous avons réussi à redynamiser le lieu et à fédérer, c’est parce que le public venait y voir des ovnis inclassables. Même si ces spectacles ont été programmés dans de multiples lieux, les gens nous disaient : « Il n’y a qu’ici qu’on voit ça ». Des artistes comme Yoann Bourgeois, Ivan Mosjoukine ou Cyril Teste ont ainsi défini une couleur particulière qui a convaincu le public de prendre le chemin du Monfort avec confiance. Au Rond-Point, à cause de sa riche histoire, nous ne partons pas de zéro et tant mieux. L’enjeu est de créer une programmation avec ses ponctuations, ses respirations, son esprit particuliers. C’est un défi stimulant que nous relevons en cultivant le même désir de création, avec sa part de risque. Avec ses trois salles, la grande de 700 places et les deux petites de 100 et 200 places, nous pouvons accueillir toutes sortes de propositions, dont des paris audacieux. Aussi, pour créer un effet de surprise et d’immédiateté, nous voulons au côté des longues séries de représentations, programmer ponctuellement des spectacles de danse que nous aimons. Comme toujours, nous voulons rassembler un public divers autour de notre projet, et au cœur du théâtre, avec une nouvelle librairie tout en rondeurs apaisantes, et un nouveau restaurant orné d’une fresque radieuse. Accueillir le public, c’est comme accueillir des gens chez soi, on a envie que ce soit beau, que les gens soient heureux d’être là.
En quoi le théâtre est-il une caisse de résonance du monde ?
S.R. : Le théâtre déploie un regard sur le monde, exprime une parole sur la vie, qui, j’en suis convaincu, peut transformer un être, et parfois même le sauver. Avec les spectacles, avec les mots incarnés, nous emmenons les gens dans des chemins inattendus qu’ils n’auraient pas imaginés. C’est ça un théâtre bouillonnant. Au théâtre, nous travaillons le fond et la forme : l’esthétique passe par la forme, le politique passe par le verbe, et les deux s’hybrident.
L. de M.: Nous avons besoin de rire, de pensée, d’intellect. Aujourd’hui le débat est omniprésent, et de manière trop binaire. Chacun ou chacune est étiqueté, au risque d’une forme de conformisme et au détriment d’une pensée sincère et profonde. Dans un monde chaotique, et alors que les repères politiques se délitent, le théâtre crée du sens. Sensible aux mutations de l’époque, irrigué par une force poétique, le théâtre nous interroge tous et toutes.
Propos recueillis par Agnès Santi
Tél : 01 44 95 98 00.
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