Histoire(s) de France d’Amine Adjina
Amine Adjina explore les chromos du roman [...]
Focus -291-Le Trident à Cherbourg : une scène comme un voyage au long cours
A la tête de la Scène nationale depuis janvier 2017, Farid Bentaïeb donne à voir une grande diversité de démarches artistiques, et revendique l’action territoriale comme une ligne directrice de son action.
Suite à la période de fermeture des lieux culturels, de quelle manière avez-vous conçu cette nouvelle saison ?
Farid Bentaïeb : Plus que jamais nous voulons faire exister les activités et le programme du Trident, grâce à la présence des artistes. Pour ce nouveau départ nous souhaitons cultiver à nouveau le plaisir de la rencontre avec le public, de moments véritablement passés ensemble. Je doute que le monde se réinvente mais au-delà de problématiques conjoncturelles le besoin de culture demeure, intemporel. Nous poursuivons nos missions, en présentant un panorama de la création contemporaine, en accompagnant les artistes dans leur travail de création ainsi que dans la diffusion des œuvres, en développant de multiples actions en direction des publics sur tout le territoire. Nous voyageons de l’univers saisissant de Josef Nadj à une performance de la chorégraphe Gaëlle Bourges dans la Gare maritime transatlantique de Cherbourg, du théâtre singulier de Simon Falguières ou Laurent Brethome à l’art total d’Yngvild Aspeli avec ses marionnettes. Sans oublier le jeune public, la musique, le cirque…
Qui sont les artistes associés au Trident ?
F.B. : Nous faisons route avec deux artistes associés. Thomas Quillardet, que je connais depuis de nombreuses années, conjugue avec talent travail de terrain et de création. Il crée cette année à partir de l’épisode de la privatisation de TF1 Une télévision française, dont il signe la mise en scène et le texte. Par ailleurs, nous venons de mettre en place pour les deux saisons à venir une résidence de compositeur associé avec Régis Huby, qui crée Métamorphoses, pour 32 musiciens issus de son ensemble et de l’Orchestre régional de Normandie. Un projet qui sera accompagné d’actions culturelles dans tout le Cotentin. Grâce à ces compagnonnages, nous allions exigence artistique et fort ancrage local. Le Trident regroupe trois salles : le très beau Théâtre à l’Italienne qui fait la fierté des habitants ; le Vox, une salle de 240 places idéale pour un rapport d’intimité avec le public ; et le Théâtre de la Butte, salle de 400 places actuellement en travaux.
Quelles sont les spécificités de ce territoire du Cotentin ?
F.B. : C’est un territoire atypique, une péninsule éloignée des métropoles où certaines zones ne possèdent quasiment pas d’équipement culturel et ne bénéficient pas de transports en commun. C’est pourquoi nous avons décidé d’aller à la rencontre des publics, en proposant des spectacles aussi exigeants artistiquement que ceux de nos scènes mais adaptables à tout type de salles en termes de technique. Je me souviens d’un concert de Roger Muraro, grand spécialiste d’Olivier Messiaen, à Sainte-Mère-Église. Ce fut un moment mémorable ! Il me semble qu’il est plus simple de proposer des œuvres contemporaines voire radicales sur ce territoire singulier car la rencontre se fait sans enjeu d’appropriation, sans jugement préconçu. Ses habitants sont toujours prêts pour le partage d’une aventure artistique, ils ont soif de découverte, se confrontent volontiers à des spectacles qui les troublent. C’est un vrai plaisir !
Propos recueillis par Agnès Santi
Tél : 02 33 88 55 55.
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