La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

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Larry Skoler

Larry Skoler - Critique sortie Jazz / Musiques

Publié le 10 novembre 2008

Le blues en version originelle

Larry Skoler, l’un de ceux qui ont concocté cette programmation, avec Christophe Ubelmann et Mohamed Beldjoudi, revient sur les grands axes de cette édition.

Pourquoi avoir titré cette édition « de l’Afrique aux Appalaches » ?
L’une des optiques de ce festival est d’explorer les connexions musicales et culturelles entre l’Amérique du Nord et l’Afrique. Nous voulions par exemple montrer le lien entre le banjo, souvent associé à la « country », et le n’goni, son « ancêtre » malien. Au début du siècle dernier, les Africains-Américains des Appalaches ont pris cet instrument et l’ont modernisé en banjo.
 
On parle souvent d’universalité du blues, pour autant, joue-t-on le même blues à La Nouvelle-Orléans et à Orléans ?
Cela dépend de ce que vous voulez dire. Est-ce qu’un artiste d’Orléans peut jouer du blues ? Bien sûr que oui s’il raconte sa propre histoire, avec l’émotion susceptible de toucher les gens. En revanche, s’il s’agit de reprendre une chanson de Son House, qui parle des champs de coton du Mississippi, j’en suis moins convaincu. Et d’ailleurs, ce type de démarche ne s’inscrit pas du tout dans la tradition du blues, où on raconte son expérience, pas celle d’un autre. A mon sens, c’est ce qu’il manque trop souvent dans le blues contemporain : un grain original !
 
Justement, vous consacrez aussi une soirée à Chicago. La célèbre ville est-elle encore la capitale du blues ?
Bien sûr. Vu son histoire avec la musique, Chicago sera toujours la capitale du blues. Même s’il existe d’autres bastions du blues, même si le blues qu’on y joue n’est plus le même, cette ville a un lien, un rapport direct avec les créateurs et la culture des origines de cette musique.
 
« J’adore le blues originel, mais j’aime aussi les influences extérieures qui s’y sont ajoutées. »
 
Au-delà du passé, vous cherchez dans votre programmation à démontrer que le blues est encore une musique actuelle. Existe-t-il un renouvellement des générations ?
Nous avons la chance d’accueillir trois des plus grands héritiers de la tradition du Chicago blues : John Primer, Lurrie Bell et Billy Branch sont bel et bien toujours vivants et vivaces. Il y a aussi un renouvellement des générations, forcément influencées par leur culture et leur temps. De fait leur musique est différente, mais pas moins intéressante. Pour que la tradition vive, il faut qu’elle évolue ! Ce changement est paradoxal, mais indispensable pour la continuité historique. J’adore le blues originel, mais j’aime aussi les influences extérieures qui s’y sont ajoutées. Etre trop puriste est dangereux et réactionnaire.


Propos recueillis par Jacques Denis


A propos de l'événement



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