Cabaret apocalypse et À nous deux maintenant
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Focus -253-LE QUAI ~ CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL ANGERS PAYS DE LA LOIRE
En 2014, Chloé Dabert recevait le Prix Impatience pour sa création d’Orphelins, de Dennis Kelly. Aujourd’hui, la metteure en scène poursuit son exploration du théâtre de l’auteur britannique avec L’abattage rituel de Gorge Mastromas.
Quel est le principal défi qui se pose à un-e metteur-e en scène créant L’abattage rituel de Gorge Mastromas ?
Chloé Dabert : Gorge Mastromas pourrait être un personnage de film ou de roman. La pièce alterne passages narratifs et moments incarnés. Un narrateur commence le récit. Puis le personnage dont il est question fait son apparition. Le spectateur se familiarise avec sa vie, bercé par la voix du narrateur, qui disparaît puis revient, effectuant des allers-retours. Cette forme, assez compliquée à mettre en scène au théâtre, constitue le grand défi de ce texte, qui se révèle par ailleurs redoutablement bien écrit.
Quel regard portez-vous sur le personnage central de la pièce ?
C. D. : Gorge est un garçon apparemment ordinaire, auquel beaucoup d’entre nous peuvent s’identifier. Son enfance, son adolescence et son entrée dans l’âge adulte semblent tout à fait correspondre au parcours prévisible d’un garçon, puis d’un jeune homme sans histoire. Mais un jour se présente un choix qui va tout faire basculer. D’une certaine façon, le parcours de Gorge Mastromas représente un devenir possible pour chacun d’entre nous.
« Le parcours de Gorge Mastromas représente un devenir possible pour chacun d’entre nous. »
Quelles questions ce texte pose-t-il à une époque où les mutations de nos sociétés bouleversent nos repères ?
C. D. : Je dirais que la question centrale est celle du choix. Ce sont nos actions qui nous déterminent, mais qu’est-ce qui nous pousse à agir dans un sens ou dans l’autre ? Est-ce que l’on refuse les actes qui peuvent nuire aux autres par bonté, par conviction ou simplement par lâcheté ? Combien d’entre nous sont « des Gorge » qui s’ignorent, des individus qui n’osent pas encore être des salauds ? Denis Kelly n’est pas très positif sur la question…
De quelle façon votre mise en scène éclaire-t-elle ces perspectives ?
C. D. : Nous avons créé un personnage-narrateur qui actionne le conte et donne vie à Gorge. Nous traitons la pièce comme une expérience faite sur un individu choisi dès sa conception, puis suivi tout au long de sa vie. Ce personnage-narrateur, en entrant et sortant du réel à sa guise, nourrit la dimension onirique de la pièce.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
Spectacle créé au Quai le 17 mars 2017. Reprise du 19 avril au 14 mai 2017 au Théâtre du Rond-Point à Paris.
Le Quai, Centre Dramatique National Angers Pays de la Loire,
Tél. : 02 41 22 20 20.
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