Emma Dante croque le portrait d’une humanité poignante repoussée aux marges de la société.
Goûteux et fort en gueule, taillé au scalpel dans les chairs de la culture sicilienne, le théâtre d’Emma Dante fauche au ras du quotidien pour cueillir le vécu d’une humanité meurtrie à force de brinquebaler dans les bas-fonds de la modernité. Sa Trilogie des lunettes met en scène quelques-uns de ces personnages réfugiés au creux de leurs illusions. L’un, mousse depuis l’adolescence, embarqué au lointain de ses rêves, conte comment il fut abandonné au rivage d’un pays étranger : la terre ferme. Un autre vit en état catatonique depuis qu’il a été arraché à l’enfance. Deux vieux jouent leur histoire d’amour à rebours, et noient le présent fané sous le mousseux. En trois épisodes truculents et poignants, Emma Dante tord les simulacres de l’existence jusqu’à la grimace, pour extraire toute la vitalité burlesque et forcenée de ces êtres en marge de la société.
Gw. David
La Trilogie des lunettes (Acquasanta, Il Castello
della Zisa et Ballarini), d’Emma Dante.
Du 8 au 12 mai 2012.