Un art à la croisée du théâtre et des arts plastiques

« La Quadriennale de Prague a été créée en 1967 pour présenter des scénographies, généralement sous forme de maquettes, conçues pour des spectacles. C’est en effet à la fin des années 1960 que s’impose la notion de scénographie, pensée comme l’expression spatiale de la fiction théâtrale. Intitulée à l’origine Festival international de conception de théâtre, elle a depuis évolué pour refléter une transformation esthétique majeure : l’artialisation du théâtre et la théâtralisation de l’art, pour reprendre l’analyse de Marcel Freydefont. Elle porte aujourd’hui une vision de la scénographie en tant qu’art à part entière et pluridisciplinaire, un art qui crée des mondes fictionnels, qui invente des environnements agissant sur l’imagination par le biais des cinq sens. L’expérience proposée fait œuvre. Dans un tel contexte d’exposition, la scénographie est donc moins liée à un spectacle qu’à l’époque, puisqu’elle déploie à elle seule une dramaturgie, à la croisée du théâtre et des arts plastiques.

Des démarches écoresponsables

Cette évolution a orienté le choix des commissaires des deux pavillons français présentés cette année à Prague. Le pavillon “Régions et pays” a été confié à Théo Mercier et Céline Peychet. Quant à l’équipe d’étudiantes et d’étudiants qui a en charge le pavillon “Ecoles”, elle est accompagnée par Cyril Teste et Nina Chalot. Le thème de cette 15ème édition, la rareté, renvoie à la fois à ce qu’une création a d’unique, dans l’alchimie qu’elle révèle, et à la rareté de l’expérience vivante qu’offre une scénographie, chose d’autant plus précieuse que nous en avons été privés durant les années de pandémie. Ce thème rejoint également la question de l’attention à l’environnement et à ses ressources. Nous nous sommes évidemment interrogés sur les enjeux d’une participation à une telle manifestation en 2023, sur la possibilité de concilier impératifs écologiques et soutien à la création, sur la nécessité de favoriser des démarches écoresponsables. »

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat