La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -326-Porté par Claude Ponti, le Collectif Quatre Ailes fabrique un théâtre à hauteur d’enfant

La page comme la scène : un lieu d’émerveillement. Rencontre avec l’équipe Annabelle Brunet, Michaël Dusautoy et Damien Saugeon,

La page comme la scène : un lieu d’émerveillement. Rencontre avec l’équipe Annabelle Brunet, Michaël Dusautoy et Damien Saugeon, - Critique sortie
© Nicolas Guillemot Annabelle Brunet, Michaël Dusautoy et Damien Saugeon, fondateur du Collectif Quatre Ailes

Publié le 25 octobre 2024 - N° 326

Michaël Dusautoy, plasticien, metteur en scène et directeur artistique du collectif, Annabelle Brunet,  plasticienne et vidéaste,  Damien Saugeon, comédien et acrobate, ont ensemble fondé le Collectif Quatre Ailes. L’univers luxuriant et facétieux de Claude Ponti résonne de belle manière avec leur écriture plurielle.

Avez-vous dès le départ voulu fabriquer un langage hybride ?

Annabelle Brunet, Michaël Dusautoy et Damien Saugeon : Nos parcours pluridisciplinaires nous ont amenés à forger d’emblée un langage façonné par différents outils qui agrègent leurs effets. En conjuguant la dynamique d’un théâtre du mouvement, de la vidéo et d’autres médiums, nous cultivons une plasticité qui ouvre des portes vers des narrations inhabituelles, des imaginaires inédits. Nous avons dès le départ considéré l’image comme un véritable partenaire de jeu, en cherchant à articuler une relation entre le corps, le mot, le son et l’image. C’est dans cet esprit que nous avons créé Le Projet RW en 2008 d’après le journal La Promenade de Robert Walser, qui restituait les sensations du personnage du promeneur de manière sensible. La pièce, qui combinait théâtre, cirque et film d’animation, a connu un beau succès. C’était extraordinaire pour nous de voir de jeunes enfants écouter la poésie de Robert Walser. Nous aimons beaucoup adapter de grands auteurs – Dickens, Maeterlinck, Murakami, Supervielle…

« Nous cultivons une plasticité qui ouvre des portes vers des narrations inhabituelles. »

Pour quels publics créez-vous ?

A.B., M.D. et D.S. : Nos spectacles s’adressent à tous les publics, avec une attention particulière portée à l’enfance et la jeunesse, ainsi qu’au public qui n’est pas habitué au théâtre. Grâce à de multiples portes d’entrée, visuelle, sonore, textuelle, sensorielle…, nous espérons que le spectateur quel qu’il soit découvre nos pièces avec une certaine gourmandise. Nous avons aussi mis en œuvre de nombreuses actions culturelles, notamment dans le Val-de-Marne. Dans la ville d’Arcueil où nous sommes en résidence en lien avec l’Espace Jean Vilar, les écoles sont éloignées du théâtre, nous y avons donc créé Mille secrets de poussins, qui peut être joué hors les murs comme sur les plateaux de théâtre. Et en collaboration avec Le PIVO, scène conventionnée d’intérêt national art en territoire, nous avons pu répéter dans une école. Nous sommes très intéressés par l’adresse à un public jeune, et nous aimons aussi beaucoup activer une double lecture, distiller divers clins d’œil ou références à l’attention des adultes. Cela nous permet de susciter le plaisir du partage entre la scène et la salle, mais aussi entre générations, entre divers âges. C’est jubilatoire pour nous en tant qu’artistes de cultiver ce partage. Créer ces deux pièces a constitué pour nous un nouveau défi. Pour la première fois, nous nous nous sommes adressés à un public très jeune, créant des spectacles pour tous, à hauteur d’enfant. Des spectacles inspirés par l’univers de Claude Ponti.

Comment vous êtes-vous emparé de l’univers de cet auteur et illustrateur phare de la littérature jeunesse ?  

A.B., M.D. et D.S. : Claude Ponti jette des ponts entre les mots et les images, et cela résonne bien avec notre travail. Dans ses albums à l’univers visuel très fort, foisonnant et ludique, les mots, surtout ceux qu’il invente, font image, et font souvent beaucoup rire les enfants. Son univers complexe, fourmillant, dénué de tout jugement et traversé d’humour, nous inspire beaucoup. Malgré les difficultés et les épreuves, Claude Ponti célèbre la vie, il dessine un chemin porteur d’espoir, de manière joyeuse et profonde. Nous nous sommes beaucoup amusés dans ces deux mises en scène, et le public le perçoit. Que l’on soit enfant ou adulte, il est bon de ne pas perdre ses connexions poussinesques avec le monde !

 

www.collectif4ailes.fr

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