La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -202-Opéra de Paris

Kaguyahimé

Kaguyahimé - Critique sortie Danse Paris Palais Garnier

Danse / Palais Garnier
Chorégraphie Jirí Kylián

Publié le 1 octobre 2012 - N° 202

La Princesse de la Lune chorégraphiée par Jirí Kylián revient à l’Opéra. Une expérience intense de musique et de danse, portée par la rencontre entre le chorégraphe et le compositeur japonais Maki Ishii.

En choisissant une histoire japonaise des plus anciennes (le conte du Coupeur de bambous) comme trame narrative du spectacle, Jirí Kylián s’est offert une parenthèse dans une culture où les légendes croisent des personnages surnaturels pour percer à jour les mystères de la construction du monde. Kaguyahimé est une petite fille, recueillie par un pauvre homme alors qu’il coupait du bambou. Le ballet Kaguyahimé est un spectacle de contrastes : il joue sur la rencontre entre la gestuelle occidentale emprunte de classicisme du chorégraphe, baignée dans une atmosphère japonisante apportée par l’histoire et la musique. Il fait le lien entre l’épure de la danse et la grandeur du décor, et offre à chaque personnage le moyen d’exprimer sa singularité, ses dissonances, ses démesures.La Princesse, toute de blanc vêtue, s’affirme dans des mouvements lents et des volutes en opposition aux scènes de guerre de la deuxième partie du spectacle. Jirí Kylián y ose des morceaux de combats acrobatiques entre hommes, mais aussi entre femmes.

Le jeu des symboliques terriennes et lunaires

Kaguyahimé n’est pas une simple histoire de princesse en mal d’amour. Derrière son refus de se faire aimer, elle cache une identité trouble : elle provient de la lune, et n’aspire qu’à retourner vers son astre. Le chorégraphe joue sur l’opposition entre la terre et la lune, entre le groupe des humains et l’unique sélène, entre le sol et la légèreté. Celle-ci se traduit également dans la musique, à travers la composition originale de Maki Ishii, qui joue sur nos repères et nous promène entre musiques traditionnelles, orientale et occidentale (tambours japonais et instruments à vent), sur les notes légères de la flûte ou les grondements des percussions. A travers cette œuvre, Jirí Kylián affiche sa fascination pour la beauté, incarnée ici par la lune, et son désir de faire triompher un message de paix. Une œuvre sur mesure, déjà interprétée par le Nederlands Dans Theater et par le Ballet de l’Opéra de Paris. Mais sa présence au cœur de la saison marque une nouvelle fois l’importance du chorégraphe dans l’histoire de la Maison, une histoire commencée sous Rudolf Noureev lorsqu’il lui commanda Tanz Schul, et qui perdure aujourd’hui, faisant de l’Opéra de Paris le point de chute idéal pour ses meilleurs ballets.

Nathalie Yokel

A propos de l'événement

Kaguyahimé
du vendredi 1 février 2013 au dimanche 17 février 2013
Palais Garnier
Place de l’Opéra, 75009 Paris

Tél : 08 92 89 90 90.
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