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Jean-Christophe Hembert adapte et met en scène Peter Pan (1911) de l’Écossais J.M Barrie. Comme l’indique son titre, Wendy et Peter Pan, son spectacle est construit autour de la figure de la petite fille éponyme. Fidèle à la complexité du roman d’origine, il nous immerge dans un univers sombre et plein d’énigmes.
Avant Peter Pan, vous avez adapté un autre roman : Le Capitaine Fracasse de Théophile Gauthier. Wendy et Peter Pan prend-il pour vous la suite de Fracasse (2018) ?
Jean-Christophe Hembert : Bien que très différents, appartenant à des époques éloignées l’une de l’autre et portant chacun des enjeux spécifiques, ces deux livres sont traversés par un thème qui m’est cher : le jeu. Dans le roman de Théophile Gauthier, il est question du jeu d’acteur, tandis que Peter Pan est un grand jeu de rôles. Dans les deux cas, est interrogée la nature du jeu, son mélange de futile et d’essentiel. Il apparaît comme une manière d’appréhender l’angoisse du monde. Comme mon adaptation du Capitaine Fracasse, j’ai réalisé celle de Peter Pan avec Loïc Varraut. On retrouve aussi dans ma nouvelle pièce certains comédiens de la précédente.
En quoi votre geste d’adaptation a-t-il consisté ?
J-C.H. : Contrairement à ce qu’en a fait Walt Disney, le roman de J.M Barrie est à l’image de son héros : très insaisissable. Très ludique, aussi trivial que violent, préfigurant la psychanalyse avant qu’elle naisse, Peter Pan est un labyrinthe où j’ai aimé me perdre en tant que lecteur. Je souhaite en restituer la complexité au plateau.
Pourquoi avez-vous décidé de faire aussi de Wendy le personnage central de votre adaptation ?
J-C.H. : C’est à mon avis elle l’héroïne du livre, dans le sens où c’est elle qui effectue le voyage intérieur au « Pays du Grand Nulle Part ». Peter Pan est une sorte de projection de Wendy. Il est son guide, son inspirateur. En jouant à la maman auprès des enfants perdus, elle incarne la pensée qui est au cœur du roman : il faut croire pour vivre. Croire aux fées, aux pirates, aux acteurs, au jeu…
Comment un acteur doit-il selon vous jouer cette pièce « féérique », selon le terme de J.M Barrie ?
J-C.H. : Il doit faire comme un enfant lorsqu’il s’amuse : très sérieusement, sans commenter ce qu’il est en train de jouer. Les comédiens évoluent pour cela dans un décor intime : la chambre de Wendy, qui évoque l’Angleterre victorienne où est ancré le roman. Le « Pays de Nulle Part » entre dans la chambre comme un cauchemar d’enfant. Comme le lecteur, je crois que le comédien ne doit pas se soucier de tout comprendre de ce qu’il joue. Il doit par contre avoir à l’esprit que le texte a été écrit par un homme de 40 ans, qui comme son héros Peter Pan a cessé de grandir, en partie sans doute parce qu’à la mort de son frère lors d’une promenade en patin à glaces à l’âge de 13 ans, il a compris que le temps était un danger pour l’Homme.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
Spectacles du mardi au jeudi à 19h, vendredi à 20h, samedi et dimanche à 17h30.
Tél : +41 (0)21 625 84 29.
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