Omar Porras et le Teatro Malandro célèbre la magie du théâtre avec « Le Conte des Contes » d’après Giambattista Basile
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Benjamin Knobil met en scène le conte métaphorique dans lequel Maurice Maeterlinck offre les clefs des portes du bonheur. Une féérie sucrée-salée, métaphysique, musicale et charnelle.
Comment avez-vous rencontré l’œuvre de Maeterlinck ?
Benjamin Knobil : J’aime particulièrement les atmosphères chez Maeterlinck, les espaces qui s’ouvrent entre les mots. L’Oiseau bleu est une pièce qui imprime la rétine, ce qui est très paradoxal car, écrite en 1908, elle est presque radiophonique. C’est une quête métaphysique d’une poésie folle, une quête du bonheur, du sens à donner à la vie. Quand j’ai découvert le texte, quelque chose me gênait : cette histoire de deux enfants partant à la quête d’un oiseau bleu est écrite avec des mots d’adulte, dans une langue beaucoup trop érudite pour des enfants. J’ai donc choisi de la traiter plutôt comme une réminiscence, celle d’un vieil homme qui revit une aventure. Tyltyl, le héros, est interprété par Didier Puntos, compositeur cristallin de musique contemporaine, qui a beaucoup travaillé sur Maeterlinck. C’est lui ce vieux jeune enfant. Autour de lui, huit jeunes comédiens interprètent les 45 personnages de l’histoire.
Comment lisez-vous la pièce ?
B.K. : Il y a énormément d’humour chez Maeterlinck. Un humour très belge, souvent gommé. On se focalise trop sur l’épure métaphysique, en oubliant que le texte est très ludique, toujours entre le ciel et la terre, et qu’il présente des situations très cocasses. Ainsi les personnages des grands-pères sont charnels, vivants et méchants ; ainsi, à la fin, dans l’incroyable hall des bonheurs possibles, où le sexe côtoie le boire et le manger. On passe constamment du grave au trivial. Je vois cette pièce comme une féérie froide, à la fois généreuse et profonde. Le son et le silence ont une grande importance. Dans la mise en scène que je propose, la narration musicale est fondamentale : elle est portée par le compositeur Didier Puntos qui joue en direct un paysage sonore imaginé par Bernard Amaudruz, et par tous les interprètes choisis pour leurs talents d’instrumentistes et de chanteurs.
Quel est le message de la pièce ?
B.K. : Celui d’une fable métaphysique ironique et charnelle. Son symbolisme âpre permet à Maeterlinck de dénoncer l’aliénation et la destruction de la nature par les humains au nom de la domination et du profit. La résonance est prégnante avec notre époque. C’est aussi une ode désespérée pour la recherche d’un bonheur juste. Cela implique de refuser de se figer dans les certitudes du passé ; aller de l’avant, au présent, toujours être dans l’écoute et le mouvement du monde, ne pas devenir vieux, même si la mort est au bout du chemin. Ce vieux Tyltyl ne veut trouver l’oiseau bleu que pour transmettre à la génération suivante le flambeau de cette quête joyeuse, indispensable et sans fin.
Propos recueillis par Catherine Robert
Spectacles du mardi au jeudi à 19h, vendredi à 20h, samedi et dimanche à 17h30.
Tél : +41 (0)21 625 84 29.
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