Frédérique Latu ancre les Rencontres au cœur du territoire pour créer des expériences communes

De quelle manière les Rencontres se déploient-elles sur le territoire de la Seine-Saint-Denis ?

Frédérique Latu : Pour cette édition assez gourmande puisqu’il y a une trentaine d’équipes artistiques invitées dans une trentaine de sites différents, nous avons vraiment travaillé l’ancrage sur le territoire, avec 13 théâtres partenaires mais aussi avec cette envie de continuer à irriguer l’espace public, de renforcer aussi notre présence dans les établissements scolaires, les centres de rééducations par le travail, les EHPAD, toutes sortes de lieux non dédiés. On sait que pour certains publics, se déplacer dans les salles est compliqué. Ma volonté est de composer un programme qui puisse se déployer en proximité. Dans le même esprit nous présentons à nouveau début juillet Les Extensions du festival, une programmation de plein air et gratuite, avec une dizaine de propositions dans une dizaine de lieux.

« Ma volonté est de composer un programme qui puisse se déployer en proximité. »

Quelles sont les lignes artistiques de ces Rencontres ?

F.L. : Comme nous sommes présents dans différents lieux, l’idée est de travailler plusieurs types de relations entre les artistes, les œuvres et les spectateurs, d’essayer de créer des expériences communes. Que ce soit en salle ou non, de nombreux projets proposent des approches cassant la frontalité. Les spectateurs se retrouvent debout, en cercle ou sur le plateau, toujours avec cette envie de convivialité et la volonté de changer les points de vue. Nous présentons également trois projets en lien avec des amateurs programmés au même titre que les autres spectacles. Par exemple Nacera Belaza recrée Les Sentinelles avec un groupe de non professionnels. Et en ce qui concerne les équipes artistiques j’ai fait le choix de donner de la visibilité à des chorégraphes émergents tel le collectif Les Idoles qui propose avec REFACE un premier projet très plastique, mais aussi à des artistes confirmés comme Dominique Brun. Je trouve important de continuer à l’accompagner alors qu’elle a fait partie du concours de Bagnolet et marqué l’histoire de la danse.

Qu’en est-il des artistes internationaux ?

F.L. : Nous présentons plusieurs artistes qui ne sont jamais venus en France ou très peu, soit parce qu’ils sont jeunes, soit parce que bien que confirmés ils n’y ont pas encore été repérés. C’est un grand plaisir de partager ces découvertes. Je peux citer Jeremy Nedd, un Américain qui vit en Suisse et travaille avec des Sud-Africains autours du pantsula, Rafaele Giovanula, qui est suisse également et tourne beaucoup en Europe, Liina Magnea, une « one woman chorégraphe » qui vit à Berlin, le brésilien Bruno Freire qui, installé en Belgique, propose un travail sur l’écologie, ou la compagnie TUMBLEWEED dont nous présentons deux créations dont une première française. Ces artistes internationaux nous proposent d’autres façons de penser, nous amènent à décaler la manière souvent eurocentrée dont on regarde la marche du monde.

Propos recueillis par Delphine Baffour