Florence Faivre et Francesca Poloniato : l’enfance, la jeunesse et la famille
Nulle démocratie culturelle sans une attention forte à l’enfance, à la jeunesse et aux familles. Florence Faivre et Francesca Poloniato évoquent l’engagement particulier des Scènes nationales auprès de ces publics.
En tant que directrices du Grand R à La Roche-sur-Yon et du Merlan à Marseille, comment définissez-vous la relation à la jeunesse du réseau Scènes nationales ?
Florence Faivre : Nous portons tous une attention très soutenue à la jeunesse, depuis la petite enfance jusqu’aux lycéens. En fonction de nos territoires, nous développons de manières diverses le geste créatif dirigé vers ces publics. Cela dans deux directions simultanées : la création et la diffusion de spectacles de théâtre tous publics ouverts à l’enfance, et la mise en œuvre de des projets de territoires.
Francesca Poloniato : Ces deux volets sont pensés comme un seul et même geste artistique. L’enfant doit être considéré comme un spectateur à part entière. Non comme un « spectateur de demain », comme on dit souvent. Il permet de toucher des familles qui n’ont pas ou plus de rapport à l’art et à la culture : c’est un médiateur.
Comment contribuez-vous au développement de la création jeune public ?
F.F. : Déjà en associant à nos maisons les artistes travaillant pour l’enfance au même titre que ceux qui s’adressent à un public adulte. Au Grand R par exemple, dont la grande spécificité est d’avoir un pôle littérature, nous accueillons un ou deux auteurs jeunesse en résidence chaque année.
F.P. : Nous mettons nos équipes au service des artistes, choisis selon leur intérêt pour nos territoires. Grâce à cette collaboration, des gestes artistiques ambitieux peuvent voir le jour, comme le Groupe Miroir d’Alexis Moati et Carole Constantini débuté cette saison au Merlan, avec un groupe de jeunes gens de tous les quartiers de Marseille.
« L’enfant doit être considéré comme un spectateur à part entière » Francesca Poloniato
« Il faut du temps pour développer les dispositifs les plus appropriés à nos publics » Florence Faivre
Pour mener à bien ce travail, l’association avec d’autres institutions du territoire est fondamentale. Avec qui travaillez-vous ?
F.P. : Avec de nombreuses écoles, des collèges et lycées bien sûr, mais aussi avec des crèches, des maisons de quartier et des centres culturels. Nous y organisons une programmation hors-les-murs, et co-construisons avec les professionnels de ces structures de passionnants projets artistiques et culturels.
F.F. : C’est ainsi que le Grand R a mené pendant trois ans un partenariat avec le collège Saint-Hermine, autour du travail d’Eve Ledig et Jeff Benignus. En amont de leur création Fratries présentée chez nous, des ateliers d’écriture et de musique ont permis aux élèves de participer à l’ensemble du processus de création, et de le nourrir. Ce n’est qu’un exemple des très nombreuses actions menées par les Scènes nationales.
Quels autres moyens employez-vous pour favoriser l’accessibilité de vos spectacles aux publics concernés ?
F.P. : Au Merlan, comme dans toutes les Scènes nationales, nous organisons notamment de nombreuses représentations en temps scolaire, mais aussi sur le temps périscolaire, pendant les vacances, les soirs et les week-ends. Une tarification accessible, avec par exemple des formules « sortie en famille » ou des systèmes de garde incitent les familles à franchir nos portes.
F.F. : Et surtout, il faut du temps pour développer les dispositifs les plus appropriés à nos publics. Les Scènes nationales sont à l’écoute des besoins des habitants, et de leurs désirs.
Propos recueillis par Anaïs Heluin
A propos de l'événement
L’Effet scènes,du samedi 16 février 2019 au samedi 16 mars 2019
Calendrier, programme et carte des événements consultables sur www.scenes-nationales.fr et sur les sites internet de chaque scène nationale.