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Eugène Durif : un auteur ludique et attentif à l’autre

Eugène Durif : un auteur ludique et attentif à l’autre - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 mai 2007

Eugène Durif a écrit une trentaine de pièces, entre poésie tendre et coups de
semonce. Une ?uvre à découvrir à travers mises en scène, mises en espace,
spectacles jeune public, cabarets, performances et lectures. Un regard
carnavalesque, joyeux et noir.


De quelle façon marquez-vous votre présence au Festival ?

Eugène Durif : Avec des lectures d’auteurs contemporains vivants, dont le
metteur en scène Jean-Michel Rabeux et son roman à paraître, Emmène-moi.
Je fera aussi une lecture des écrits de Stanislas Rodanski, interné à l’hôpital
psychiatrique où mon père était jardinier. J’ai été marqué enfant, par cette
figure singulière, liée au groupe surréaliste après la guerre. Karelle Prugnaud,
codirectrice de ma compagnie, dirige une lecture de ma pièce La Nuit
des feux
, une fiction à partir d’une histoire vraie : un ancien résistant
raconte sa révolte contre les guerres coloniales. Il y aura aussi des lectures
de Petit Homme de bois pour le jeune public autour de la marionnette,
inspiré de Pinocchio, et des notules personnelles, Anthologie portative
et L’Auteur est dans la salle.

Quelles sont les formes théâtrales proposées par votre compagnie ?

E. D. : Nous proposons La Tête cassée mais la voix qui chante, des
soirées entre la performance et le concert autour de la peau et du mythe, mêlant
vidéo, musique et jeu. Il s’agit d’un spectacle concert, À même la peau,
créé avec Karelle Prugnaud, à l’intérieur d’un triptyque partagé avec Philippe
Forgeau et Arno Chéron : À même la peau / S’écorche / La Révolution. À
même la peau
revisite le mythe tragique de Médée, à la lueur du
thriller et de son imagerie. Je joue aussi dans une sorte de fausse conférence
musicale, Nos Ancêtres les grenouilles, avec le musicien de cirque
Pierre-Jules Billon, inspirée de Jean-Pierre Brisset, un chef de gare de la fin
du 19e siècle, un fou littéraire et théoricien de la langue. Karelle
Prugnaud met en espace La Femme assise qui regarde autour de Hédi
Tillette de Clermont Tonnerre, avec l’acteur Xavier Berlioz.

« Écrire pour le théâtre signifie garder l’autre en perspective,
le public et les comédiens. »

Vos textes sont également mis en scène par d’autres artistes.

E. D. : Anne Courel présente À tue-tête, la Java des Déjetés, une
sorte d’opéra a capella avec quinze acteurs sur scène. Pour le théâtre
jeune public, il y a Le Baiser du papillon monté par Stéphane Delbassé,
et aussi La petite Histoire adaptée de Roméo et Juliette et mise
en scène par une troupe de Montpellier.

Que représente pour vous l’écriture de théâtre ?

E. D. : C’est une part essentielle de ma vie, même si j’écris aussi de la
poésie et des romans, dont le dernier va bientôt paraître, inspiré de l’histoire
douloureuse des Orphelins de la Creuse, ces enfants réunionnais venus repeupler
ce département sur une idée de Michel Debré. Écrire pour le théâtre signifie
garder l’autre en perspective, le public et les comédiens ; c’est une posture
qui met à distance la solitude et l’inquiétude de celui qui écrit. Le théâtre
permet l’échange amical et convivial, tel le principe d’une activité sociale
parfois épuisante. Écrire un roman, c’est évidemment garder en tête un lecteur
éventuel mais dans un don de soi plus secret et plus silencieux.

Propos recueillis par Véronique Hotte

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