Danse et réalités virtuelles avec Blanca Li et Pontus Lidberg
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Focus -286-Chaillot ~ Théâtre national de la Danse
Ancien interprète pour la Batsheva, le chorégraphe Léo Lérus dévoile Entropie, une pièce qui explore grâce à un dispositif technologique le concept thermodynamique du même nom, tout en dévoilant des influences des danses traditionnelles de Guadeloupe, dont il est originaire.
Entropie aborde le concept thermodynamique qui désigne la désorganisation au sein d’un système. En quoi cela vous a-t-il attiré ?
Léo Lérus : Tout est parti du livre Thermodynamique de l’évolution : Un essai de Thermo-Bio-Sociologie du scientifique François Roddier. J’ai été fasciné par la manière dont il parle du mouvement, de l’énergie, du chaos, de comment un organisme se constitue… Et j’ai voulu l’explorer dans une création.
Le gwoka et le léwoz vous ont aussi inspirés. Pouvez-vous nous parler de ces traditions de la Guadeloupe, dont vous êtes originaire ?
L.L. : Le gwoka désigne la musique et la danse créées par les esclaves en Guadeloupe, il est constitué de sept rythmes (ou neuf, c’est un sujet de débat). Quant au Léwoz, c’est un rassemblement populaire, souvent en extérieur, où le public se met en cercle avec des musiciens, des chanteurs, un chœur. Les danseurs rentrent un par un dans ce cercle et improvisent, de manière très codifiée.
Quel est le lien avec le concept d’Entropie ?
L.L. : Ces danses, que j’ai explorées avec ma professeure Léna Blou, reflètent totalement ce concept : lorsqu’une information tombe, il y a un moment de chaos avant que l’organisme se réorganise. Dans le Léwoz, lorsqu’un danseur rentre dans le cercle, il se met en relation et dialogue avec le marqueur, terme qui désigne le percussionniste soliste qui suit le danseur en marquant le rythme. Le jeu consiste alors à prendre des risques, surprendre, déstabiliser, instaurer des déséquilibres pour créer un moment exceptionnel.
Quel est le rôle du dispositif sonore et lumineux que vous avez imaginé avec Gilbert Nouno ?
L.L. : Je voulais trouver un moyen de reconstituer ce rapport entre le danseur et le marqueur grâce aux nouvelles technologies. Lorsque Gilbert est entré dans l’équipe, nous avons travaillé sur des capteurs qui, placés sur les danseurs et danseuses, permettent de donner un répondant musical et lumineux aux mouvements. Ainsi, nous, les danseurs, devons être à l’écoute des propositions du dispositif. Et la manière dont les lumières et les sons s’expriment de façon aléatoire impacte la qualité de nos mouvements et de nos intentions. Même si la pièce est chorégraphiée, le résultat peut ainsi être très différent d’un jour à l’autre.
Propos recueillis par Belinda Mathieu
Tél :01 53 65 31 00.
Site : theatre-chaillot.fr
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