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Entretien Anne-Marie Pascoli : un événement dans les sous-bois

Entretien
Anne-Marie Pascoli : un événement dans les sous-bois - Critique sortie Danse

Publié le 10 juin 2007

Quand Anne-Marie Pascoli créée in situ, elle voit les choses en grand.
Dans un site étonnant, la chorégraphe pose un regard troublant sur la ligne et
le trait et propose un événement chorégraphique et plastique unique dans les
sous-bois de Chamarande.


Le Trouble du trait est né d’une résidence à Chamarande. Quel espace
avez-vous retenu ?

Anne-Marie Pascoli : Depuis cet automne, nous avons travaillé sur le site
à trois reprises, et retenu un endroit peu exploité : la forêt. Là se trouve une
très grande trouée d’environ trois cents mètres de longueur, déboisée. Quand
j’ai vu cet espace, en regard de la notion de trait que j’avais envie d’explorer
dans tous les sens du terme, j’ai su que c’était là qu’on pouvait montrer l’idée
du trouble du trait et de la ligne.

Comment avez-vous imaginé le rapport au public dans ce lieu ?

A.-M. P. : C’est essentiellement un parcours, à la fois visuel avec
l’installation plastique d’Anne-Sophie Dubourg, et chorégraphique avec des îlots
de danse. Nous invitons donc le public à traverser cette trouée d’une façon
assez particulière. Le Trouble du trait, c’est aussi le trouble du regard
du spectateur. Souvent, on est face à quelque chose qui se déroule et que l’on
reçoit. Ici, ce n?est pas tout à fait ça?

« Explorer la notion de trait dans tous les sens du terme. »

Comment avez-vous induit la notion de trait chez les danseurs ?

A.-M. P. : La première semaine, nous avons travaillé avec des musiciens,
dont le compositeur Alain Lafuente, autour de cet axe du trait : le trait
musical, le trait chorégraphique, le trait du corps, de façon très pragmatique
au niveau de la physicalité et de l’architecture du corps. Quelques temps plus
tard, nous avons fait la même chose avec l’image, à partir de films que nous
avons faits dans le parc. La troisième semaine a été consacrée au travail in
situ
avec la plasticienne. Elle a apporté des kilomètres de matériaux que
l’on a commencé à installer dans la trouée. Nous avons ensuite cherché à savoir
comment la danse pouvait rentrer en résonance avec ces matériaux très
contemporains, absolument pas naturels (du plexiglas, du fil de pêche), qui, sur
place, avec la lumière, créent des effets assez incroyables qui répondent à la
thématique du trait et qui architecturent l’espace.

Le spectacle aura donc ce caractère éphémère de la performance ou de
l’installation.

A.-M. P. : Cela ne pourra pas exister ailleurs, du fait du contexte
architectural naturel. Il est certain que cela reste de l’ordre de la
performance : on a énormément travaillé les matières en amont, mais le tout sera
lié à la déambulation des gens (qui devront prévoir des chaussures adaptées), au
contexte, à la perspective avec le château. Je réunis tous les éléments pour
amener le public là où je le souhaite, mais j’ai aussi une part d’incertitude,
d’aventure et de prise de risque que je ne peux pas maîtriser. Il va nous en
rester tout le travail de recherche qui nourrit mon écriture chorégraphique, ma
complicité avec les interprètes, et la possibilité de rebondir sur d’autres
recherches.

Propos recueillis par Nathalie Yokel

Le Trouble du Trait d’Anne-Marie Pascoli. Le 15 juillet à 16h30.

A propos de l'événement



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