La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -216-Colloque national Théâtre 95 / Cergy-Pontoise

Entretien / Maryse Dumas

Du social à la politique

Maryse Dumas siège au Conseil économique, social et environnemental dans le groupe de la CGT. Sa longue action de syndicaliste l’a amenée à s’interroger sur l’instauration d’une véritable démocratie sociale. 

Publié le 23 décembre 2013 - N° 216

Du social à la politique

Maryse Dumas siège au Conseil économique, social et environnemental dans le groupe de la CGT. Sa longue action de syndicaliste l’a amenée à s’interroger sur l’instauration d’une véritable démocratie sociale. 

« Les pouvoirs réels sont plus opaques et plus éloignés que jamais. »

Quelles sont, selon vous, les principales carences de notre vie publique ?

Maryse Dumas : Trop concentrée sur les seules échéances électorales politiques, notre vie publique laisse de côté l’opinion et les attentes de la population, particulièrement celles des catégories populaires. On nous présente comme une forme de démocratie achevée un système qu’on pourrait presque qualifier de « censitaire », dans la mesure où ce sont les couches les plus intégrées et les plus diplômées qui participent aux scrutins boudés, au contraire, par la plupart des ouvriers et des employés, ainsi que par les demandeurs d’emplois et les personnes en précarité. L’objectif premier de toute démocratie véritable devrait être de faire en sorte que les catégories les plus discriminées de la société se mobilisent et s’impliquent dans le processus.

Dans quelle mesure la démocratie sociale est-elle capable de combler ces carences ?

M. D. : Pour l’instant, elle n’en a que le nom ! Ce qui caractérise le salariat, ce n’est ni l’égalité ni la liberté, mais le « lien de subordination » qui découle du contrat de travail. Du fait du chômage de masse et de la précarité galopante, le rapport de force est plus déséquilibré que jamais, en faveur des employeurs et des puissances financières mondialisées. Instaurer une démocratie sociale suppose de permettre aux salariés de disposer de droits individuels et de garanties collectives leur assurant liberté d’expression et d’intervention à tous les niveaux, sans crainte de représailles, notamment sur l’emploi.

Quel rapport existe-t-il entre la sphère politique et le monde du travail ?

M. D. : Le principal problème est celui d’une césure profonde entre ce qui relève du social et ce qui est censé être l’objet de la politique. La gauche, en particulier, a déserté les problématiques liées au travail en les déléguant au mieux aux syndicats, au pire aux prétendus « partenaires sociaux », parmi lesquels, ne l’oublions pas, le MEDEF a un rôle déterminant. Il est plus que temps que la gauche reprenne la réflexion laissée en friche depuis les années 1970, et engage une réflexion politique sur les enjeux du travail et sur sa transformation, dans une perspective émancipatrice.

Quelles sont les formes alternatives à la démocratie représentative ?

M. D. : Plutôt qu’alternatives, je dirais complémentaires. Il faut mettre en œuvre les deux volets de  la démocratie : faire en sorte que le plus grand nombre s’investisse dans la vie publique et que cet investissement porte sur les pouvoirs réels. Car avec la mondialisation et la financiarisation, ces pouvoirs sont plus opaques et plus éloignés que jamais.

 

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

Colloque national du 7 décembre 2013. Théâtre 95, Allée du Théâtre, 95 Cergy-Pontoise. 
Tél : 01 30 38 11 99.  

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