La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -139-Les Pays de la Loire en Avignon Entre Loire et Rhône, au confluent des talents

Entretien : Laurent Brethome La Vieille : enchanter le monde en interrogeant l’humain.

Entretien : Laurent Brethome

La Vieille : enchanter le monde en interrogeant l’humain. - Critique sortie Théâtre
Crédit photo de Barsony : Pierre Charles

Publié le 10 juin 2006 - N° 139

Laurent Brethome s’inscrit dans la tradition d’un théâtre ouvert, exigeant et
populaire. S’appuyant sur cette triple profession de foi, le jeune metteur en
scène, membre de la compagnie Le Menteur Volontaire, élabore une adaptation
surréaliste de la nouvelle de Daniil Harms.


Vous appréhendez La Vieille comme le cauchemar d’un homme névrosé. Sur
quoi repose la dérive de ce personnage ?

Laurent Brethome : Il s’agit d’un homme qui a peu à peu perdu le contact
avec le monde et la réalité. Il vit en misanthrope, enfermé chez lui comme dans
sa propre névrose, n?entretient quasiment plus de relations avec le genre
humain, qu’il s’est mis à détester. Et puis, un jour, il voit une vieille femme
inconnue entrer chez lui et s’installer dans le fauteuil de son salon. Elle est
tout simplement venue là pour mourir ! Paradoxalement, cette confrontation avec
la mort va l’amener à reprendre pied dans la vie. Car, il se met alors à
chercher tous les moyens possibles pour se débarrasser de ce corps encombrant.
Mais, pour cela, il doit sortir de chez lui, faire face à l’extérieur en
rencontrant de nombreux personnages, tous plus excentriques les uns que les
autres.

Comment avez-vous traité, scéniquement, l’univers loufoque de l’auteur
russe ?

L. B. : De façon surréaliste, presque comme un rêve, en déstructurant
complètement le rapport au temps et au réel. Car, je souhaite mener le public
vers un endroit où il va rarement : celui de l’inattendu, du cauchemar qui prend
corps en faisant naître des situations surprenantes et drôles. Ainsi, tous les
changements de décors et de costumes se font à vue, ce qui, d’une certaine
façon, associe le spectateur à ce monde extérieur qui torture psychologiquement
le narrateur.

« Je souhaite mener le public vers un endroit où il va rarement : celui de
l’inattendu. »

Est-ce sur cette complicité que vous fondez votre conception d’un théâtre
populaire ?

L. B. : Tout à fait. Mais, cette notion est aujourd’hui galvaudée, on
l’associe trop souvent à un nivellement par le bas, ce que je refuse évidemment.
Je défends l’idée d’un théâtre populaire dans le sens noble et artistique du
terme, c’est-à-dire d’un théâtre ouvert, à la fois accessible et exigeant, un
théâtre de qualité duquel les spectateurs ne doivent jamais se sentir exclus.

Sur quoi centrez-vous votre travail pour parvenir à cette quadrature du
cercle ?

L. B. : Sur le texte et les comédiens. Ce qui ne veut pas dire que je
laisse totalement de côté l’aspect esthétisant de mes mises en scène. Mais,
avant tout, j’essaie de monter des spectacles qui interrogent l’humain par le
biais de pièces tranchées, de textes qui révèlent une vision radicale du monde.
On dit parfois que je pratique un théâtre de « la crédibilité dans l’excès ».
Cela passe par une théâtralité forte, une mise en valeur des acteurs qui,
aujourd’hui peut-être plus que jamais, ont vocation à enchanter le monde.

Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat

La Vieille, de Daniil Harms ; mise en scène de Laurent Brethome. Du 6 au
15 juillet à 10h25, au Grenier à Sel.

A propos de l'événement



Les Pays de Loire en Avignon

Deux lieux pour les spectacles :

Le Grenier à sel

2, rue du Rempart Saint-Lazare, 84000 Avignon

Le chapiteau de l?Ile Piot

Réservations au 04 90 27 09 11

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