L’apprentie sage-femme
Philippe Crubézy a adapté le roman de Karen [...]
Focus -209-Théâtre de l’Ouest Parisien à Boulogne
Céline Sallette interprète Molly Bloom, la Pénélope de l’Ulysse de Joyce, dont le long monologue clôt le roman : une performance de comédienne portée par une mise en scène élaborée, originale et précise.
Qui est Molly Bloom ?
Céline Sallette : Joyce dit qui elle est : « une femme parfaitement saine, complète, amorale, amendable, fertilisable, déloyale, engageante, astucieuse, bornée, prudente, indifférente ». Molly, c’est la chair qui dit oui. C’est une femme qui vient de tromper son mari l’après-midi même. Elle a trente-deux ans, elle est au milieu de sa vie. Elle est comme une fleur qui éclot, ce que dit d’ailleurs son nom en anglais. Molly est une femme qui se libère à vue. Il y a des aspects peu gracieux chez elle : elle pète, elle a ses règles. C’est drôle, d’ailleurs ! Elle est en fait très organique ; et la traduction de Thiphaine Samoyault le restitue bien, sans filtre.
Comment avez-vous abordé ce texte réputé difficile ?
C. S. : C’est vrai qu’il est très difficile d’arriver à traverser cet océan ! C’est jubilatoire quand on maîtrise le texte, mais il est difficile d’avoir la confiance nécessaire pour s’y lancer. Un tel texte s’apprivoise, se dompte. Nous avons commencé à répéter dans l’espace scénique, ce qui nous installait d’emblée dans la dimension théâtrale du travail. Ensuite, il a fallu apprendre les mots ! Pas de point, pas de virgule : n’empêche qu’il y a quand même une forme à rendre. Cette grande fièvre, ce grand tourment merveilleux : il faut essayer de donner une idée de ce qu’est ce texte. Mais il ne s’agit pas seulement du face-à-face entre un texte et une actrice : il y a aussi une mise en scène, et elle est fondamentale. La chambre de Molly tourne sur elle-même à l’horizontal. Ce mouvement crée des espaces différents, comme autant d’espaces mentaux.
Entretien réalisé par Catherine Robert
Philippe Crubézy a adapté le roman de Karen [...]