Danseurs chorégraphes
Si l’Ecole ne forme pas des chorégraphes mais [...]
Le directeur de l’Atelier lyrique de l’Opéra national de Paris revient sur le fonctionnement de cette institution unique, vivier de jeunes talents.
À quoi sert l’Atelier lyrique ?
Christian Schirm : L’Atelier lyrique, dont j’ai pris les rênes en 2005, s’inscrit dans une longue tradition de formation professionnelle qui remonte à l’Opéra Studio, à l’École d’art lyrique puis au Centre de formation lyrique (CFL). Quand Gérard Mortier est devenu directeur de l’Opéra de Paris, il m’a chargé de rédiger un rapport sur le CFL, auquel il voulait donner un nouvel élan. Il s’agit à la fois de former de jeunes chanteurs mais aussi de les aider au début de leur carrière. Nous avons voulu renouer avec ce qui avait été fait dans les années soixante-dix et quatre-vingt avec l’Opéra Studio et nous rapprocher de ce qui existe aujourd’hui à Munich, Zurich, à Covent Garden, au Met, à Houston, à Chicago…
Comment s’est faite cette rénovation ?
C. S. : Trois axes principaux ont été suivis : l’approfondissement du répertoire, les concerts et les productions scéniques. Nous donnons aux jeunes chanteurs l’opportunité de travailler avec des musiciens : des ensembles baroques, des orchestres classiques, et chaque année, nous programmons un concert avec l’Orchestre de l’Opéra. Surtout, nous leur permettons de travailler sur des productions scéniques, dans les conditions de leur futur métier.
Les chanteurs de l’Atelier lyrique ont-ils le sentiment de faire partie de la maison « Opéra de Paris » ?
C. S. : Certaines de nos productions – celles qui font appel à un orchestre de dimensions modestes – ont lieu dans l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille. D’autres sont accueillies dans des salles plus grandes, en périphérie (àla MC93 de Bobigny, au Théâtre Jean Vilar de Suresnes, l’an prochain àla Ferme du Buisson à Noisiel) ou plus loin, comme nous l’avons fait au Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine avec Dominique Pitoiset. Mais dans tous les cas, l’un des enjeux est de pouvoir distribuer ensuite les solistes de l’Atelier lyrique sur les deux scènes de l’Opéra. Travailler avec des artistes confirmés sur la scène de l’Opéra Bastille ou du Palais Garnier est une expérience fondamentale pour un jeune chanteur. Quand Elena Tsallagova chante Mélisande à Bastille aux côtés de Stéphane Degout, c’est une reconnaissance du travail mené au sein de l’Atelier lyrique.
Peut-on parler de troupe pour ces jeunes chanteurs qui se côtoient à l’Atelier lyrique ?
C. S. : Je ne suis pas pour le retour aux troupes dans les opéras, c’est trop contraignant. En revanche, je souhaite évidemment fidéliser les chanteurs après leur sortie de l’Atelier lyrique et je cherche à insuffler un esprit de troupe. Une production lyrique, c’est un travail collectif ; pendant les six semaines d’une répétition, nous formons vraiment un groupe. Ce que je veux à tout prix montrer à ces jeunes professionnels, c’est qu’un spectacle, c’est avant tout une écriture, un dialogue : on cherche ensemble, avec le metteur en scène.
Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun
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