La Terrasse

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Elise Combet, metteur en scène

Elise Combet, metteur en scène - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 janvier 2009

Pénélope, côté marionnettes

Elise Combet, marionnettiste et metteur en scène, met en corps et en vie les personnages de Pénélope. Une histoire merveilleuse, mais touchante d’actualité, qu’elle va raconter grâce à un univers plastique très prégnant.

Sur ce projet, vous travaillez avec un auteur, Hubert Jégat. Vous n’en n’êtes pas à votre première collaboration…
C’est un auteur avec qui j’aime travailler car il peut me donner son texte comme une véritable matière. Cela laisse une grande part de liberté, on peut discuter à la dernière minute et remodeler les choses, on peut travailler ensemble sur l’improvisation. Après, il repart à l’écriture avec ce que j’ai pu produire, en prenant en compte les objets, et ma présence sur scène avec des monologues.

Quand vous parlez d’objets, s’agit-il seulement de marionnettes ou d’un autre type d’objets ?
La notion de marionnette est très large. Je ne fais pas de marionnettes classiques, il y a toujours un peu de manipulation d’objets. Il y aura par exemple un personnage plus ou moins articulé comme un mannequin de couture. Je pars d’un objet usuel, et je le dérive pour en faire une « marionnette ». Le terme de marionnette n’est pas pour moi à prendre au pied de la lettre, car j’ai tendance à utiliser des objets, à les détourner, à les customiser. C’est du bricolage.

Travaillez-vous sur un monde miniature, ou à hauteur d’homme ?
Ce qui est intéressant dans cet art-là, c’est justement de pouvoir travailler sur différentes échelles. Le mannequin, par exemple, sera à taille humaine, mais j’ai également envie de construire une marionnette attachée sur le corps, donc plus petite. Après, je reste sur des marionnettes de taille moyenne, ce qu’on appelle « sur table », c’est-à-dire pas en dessous de trente centimètres. Nous travaillons sur un espace de quatre mètres par quatre mètres, ce qui permet de voyager dans des salles de classes, des bibliothèques. Je m’adresse directement aux enfants : cette Pénélope tisse, elle tisse des histoires et je vais donc beaucoup construire à travers le tissu, une matière textile assez douce.
 
« Cette Pénélope tisse, elle tisse des histoires et je vais donc beaucoup construire à travers le tissu, une matière textile assez douce. »
 
Pénélope est une histoire mythique, qu’est-ce qui vous a intéressé dans cette histoire, et comment la rendez-vous actuelle ?
Le personnage me ramène aux matières textiles, et j’aime être rattachée au domaine plastique. L’histoire renvoie clairement à l’actualité, à la façon dont une femme seule élève son enfant. Quelle que soit la raison de l’absence du père, que dit la maman à son enfant, de beau, sur son papa qui n’est pas là ? En construisant peut-être une image complètement fantasmée, pour atténuer la peine, le manque. Mais malgré la tristesse, j’ai envie de raconter une histoire merveilleuse.

Parmi vos sources d’inspiration, vous faites aussi référence à Magritte. Pourquoi ?
J’aime beaucoup m’inspirer de photographies, de peintures, et c’est Magritte qui m’a le plus rapprochée de ce projet. Je vois beaucoup dans ses peintures un lien entre l’intérieur et l’extérieur. Pénélope est enfermée dans son travail de couturière, mais elle a envie de temps en temps d’ouvrir cette fenêtre vers la mer, le ciel, le père qui est en voyage. On voit l’enfermement de deux personnes qui de temps en temps ouvrent des portes pour se raconter des choses et pour voyager.

Propos recueillis par Nathalie Yokel


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