Dynamisme culturel et vitalité artistique, rencontre Pierrick Aunillon

En quoi consiste l’aide apportée par la Spedidam aux festivals du réseau ? 

Pierrick Aunillon : Nous accompagnons les associations locales organisatrices dans la mise en place du projet, en mettant à disposition une équipe de professionnels du spectacle vivant dans tous les domaines : la programmation, la production, l’administration, la communication, la technique… Nous amenons ainsi nos compétences et nos savoir-faire au service d’un projet en cours de création, afin que le festival puisse ensuite construire une stabilité, s’insérer dans le territoire et rencontrer un public. Notre soutien est aussi financier, avec une aide dégressive d’année en année, qui s’étend sur cinq ans avant de passer le relais. Ce financement ainsi que l’implication d’une équipe compétente rassurent les collectivités, qui ainsi s’impliquent et tissent des liens avec les associations. Ces synergies vertueuses favorisent le dynamisme culturel et la vitalité artistique des territoires, et stimulent aussi l’économie locale.

« C’est toujours une initiative locale qui est à l’origine de notre accompagnement. »

Comment l’accompagnement est-il initié ?

P.A. : C’est toujours une initiative locale qui est à l’origine de notre accompagnement, si des festivals voient le jour et grandissent, c’est parce que des personnes passionnées s’engagent. Ce sont elles qui accordent un supplément d’âme à un projet, qui façonnent ses couleurs et spécificités. Elles peuvent s’adresser directement à la Spedidam ou à des festivals déjà labellisés pour trouver des réponses. Par exemple le président du Niort Jazz Festival, dernier venu au sein de notre réseau, a interrogé l’équipe du Surgères Brass Festival, puis a déposé une demande de soutien qui a été validée. Les enjeux de la responsabilité, la sécurité, l’accueil du public ou le budget posent notamment question. Les artistes eux-mêmes ont souvent manifesté leur volonté de devenir acteurs dans la diffusion du spectacle vivant, et notre aide leur a été précieuse. Au sein du Réseau Spedidam, beaucoup de permanents conservent une expérience de terrain. J’ai initié voici douze ans le Saveurs Jazz Festival à Segré-en-Anjou dans le Maine-et-Loire, et être aux manettes est un atout qui aide à répondre aux besoins. Organiser plus d’une dizaine de festivals par an depuis dix ans représente une somme d’expériences conséquente, et nous avons au fil du temps peaufiné nos critères d’accompagnement.

Quels sont ces critères ?

P.A. : Dès le départ les projets doivent avoir l’appui d’une collectivité, ce qui garantit l’ancrage au sein du territoire et préfigure une pérennité. Les festivals doivent durer au minimum trois jours, proposer une scène offerte et une scène payante. En termes artistiques, les festivals présentent des artistes internationaux et français, connus ou moins connus, et parmi eux les artistes Génération Spedidam – un par jour sur 4 artistes par jour dans les festivals jazz et 6 pour les festivals de musiques actuelles. Les festivals ont lieu sur des territoires très divers, selon des modalités et lignes artistiques différentes. Chaque festival est unique. Par ailleurs, au-delà du temps du festival, de nombreuses associations choisissent de conduire un projet culturel à l’année. Le Ferté Jazz par exemple est très impliqué auprès du public scolaire, en organisant une sensibilisation au jazz dans une cinquantaine de classes.

Ces critères façonnent-ils des valeurs communes, peut-être une identité commune ?

P.A. : Au-delà du label réseau Spedidam que l’on voit sur les affiches, ce sont bien sûr des valeurs qui s’expriment. Outre une programmation de qualité, l’implantation au cœur du territoire est importante, comme le sont l’accueil des artistes et celui du public. Les spectateurs nous confient apprécier beaucoup le fait que les festivals sont à taille humaine, agréables, avec peu de files d’attente. Ce sont des moments de convivialité, de découverte, ouverts à tous. Découverte de la musique et de bonnes ondes mais aussi découverte des territoires et du patrimoine local, avec souvent une dimension culinaire liée aux produits du terroir, comme par exemple la mise en valeur du vignoble pour Les Bulles sonores dans la commune audoise de Limoux. Le public apprécie aussi la politique tarifaire avantageuse. Dans certains lieux un passe famille de 50 euros permet à deux adultes et deux enfants d’accéder à tous les concerts du jour. Même lorsque la labellisation du réseau Spedidam s’achève, les liens demeurent forts, et nous sommes alors fiers que les festivals poursuivent le cap, à l’image des festivals Le Son des Cuivres à Mamers dans la Sarthe, L’Albertville Jazz Festival en Savoie ou le Festival Debussy à Argenton-sur-Creuse dans l’Indre. De belles réussites !

Propos recueillis par Agnès Santi