La Terrasse

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Focus -201-TNBA

Parabole satirique sur le monde du travail

Parabole satirique sur le monde du travail - Critique sortie Théâtre Bordeaux Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine

Publié le 9 septembre 2012 - N° 201

Delphine Salkin met en scène, pour la première fois en français, Sous la ceinture, de Richard Dresser. Une comédie hilarante sur les jeux de pouvoir cruels entre trois travailleurs.

« Derrière le rire, se révèle une épaisseur absurde et cauchemardesque. »

Comment avez-vous découvert ce texte ?

Delphine Salkin : Thomas Ostermeier l’avait monté en allemand en 1998-99. A l’époque, le programmateur de l’Odéon avait trouvé le texte formidable et avait demandé à Daniel Loayza de le traduire en français pour une lecture. Alors que je cherchais un texte qui me permette de particulièrement travailler sur le jeu de l’acteur, Daniel, qui est mon mari, a ressorti celui-là d’un tiroir. La pièce n’avait jamais été mise en scène en français. Richard Dresser est inédit en France : Sous la ceinture est la seule de ses pièces traduite dans notre langue. Je l’ai lue et j’ai immédiatement voulu la monter !

Que raconte cette pièce ?

D. S. : Elle évoque un univers qui rappelle Brazil, un monde qui oscille entre Kafka et Beckett. On rit beaucoup, mais derrière le rire, se révèle une épaisseur absurde et cauchemardesque. Sur une plate-forme en plein désert, travaillent trois hommes. Ils sont vérificateurs, sans qu’on sache ce qu’ils vérifient. Il sont perdus, seuls, sans loisirs ni plaisirs ; le travail est le seul point de mire. Ces trois hommes se racontent mais sont comme extirpés de ce qui fait le sens et le goût de la vie humaine. La pièce raconte une société pleine de solitude, où les hommes ne parlent pas de ce qui les anime vraiment. L’ensemble apparaît comme le cauchemar d’une fin du monde où ne resteraient que des rescapés absurdes. Ils passent le temps à s’infliger les uns aux autres, par la parole, tous les coups bas possibles. Sous la ceinture, dit le titre, désignant ainsi les coups interdits dans un combat loyal.

Que dire de la traduction ?

D. S. : Daniel Loayza traduit de plus en plus d’auteurs américains. Il a su donner à la version française le ton comique du texte original, réinventant les jeux de mots, dans une langue très moderne, très vive. Cette traduction m’a paru évidente, et Daniel a continué à l’affiner au fur et à mesure des lectures.

Quels acteurs faut-il pour une telle partition ?

D. S. : Il faut des acteurs à la palette très large. Comme toute comédie, elle doit être jouée avec précision et vélocité. Cela requiert une grande technicité, et autant d’ironie et d’humour que d’épaisseur tragique. Les trois rôles sont équivalents en force et en présence : il faut donc trouver une égalité de jeu où les comédiens peuvent se renvoyer la balle et se motiver les uns les autres. Et en même temps, il faut des acteurs capables de rendre la poésie, la beauté et l’élégance du texte, qui n’est ni trivial ni vulgaire. Les personnages sont méchants avec finesse et intelligence : il faut des acteurs qui aient cette cruauté élégante, rapide et inattendue.

Propos recueillis par Catherine Robert

 

Du 29 janvier au 9 février 2013.

A propos de l'événement

Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine

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