Dominique Pitoiset explore la puissance dramatique de Tosca
Le metteur en scène Dominique Pitoiset, [...]
Focus -321-Tosca par l’Opéra de Dijon : une plongée au cœur de la vérité du drame puccinien
En résidence à l’Orchestre Dijon-Bourgogne et à l’Opéra de Dijon depuis 2022, Debora Waldman résume son approche de Tosca qu’elle dirige pour la première fois dans la nouvelle production de Dominique Pitoiset. Elle met en avant la singularité dramatique de l’opéra de Puccini, et les implications sur son travail de cheffe.
«Tosca fait partie des ouvrages auxquels il m’était indispensable de me confronter un jour, tellement son humanité, prise dans les enjeux politiques et religieux, me semble écrasante. Il y a des tableaux d’une grande puissance, avec des passages où l’écriture vocale de l’héroïne devient quasi expressionniste. La partition présente la particularité d’imbriquer sans cesse la musique et le théâtre. Contrairement à Madame Butterfly où il me suffisait de suivre les incarnations de Puccini, dans Tosca, la place du drame est si prégnante qu’il me faut développer les intentions expressives au-delà de ce qui est écrit. Pour cela, j’ai besoin de la mise en scène, car certaines idées musicales ne prennent tout leur sens qu’au cours du travail avec le plateau.
Subtilité et intensité
Cette force s’affirme dans une orchestration très attentive aux chanteurs et au service de l’impact théâtral. La maîtrise des timbres instrumentaux ne se limite pas à une palette qui permet de dépeindre et d’installer des atmosphères dans une sorte de préfiguration du cinéma. Elle révèle aussi l’envers du texte, ce qu’il ne dit pas. Par exemple, lors des retrouvailles entre Tosca et Cavaradossi, leur illusion d’être libre est démentie par le travail des couleurs et de l’harmonie, confirmant, avec un saisissant sens du suspens, le soupçon, suggéré au deuxième acte, que l’exécution simulée promise par Scarpia devant Spoletta sera à balles réelles – et que l’héroïne n’échappera pas à son destin. Pour restituer cette subtilité, il y a tout un travail sur le récit et les transitions entre la liberté du chant et la fosse, où l’orchestre initie ou prolonge le déroulement des ressources expressives des thèmes. Cette plasticité est un des aspects de modernité de l’œuvre, ouvrant à l’époque de nouveaux équilibres entre la musique et le drame pour tout le répertoire lyrique au XXème siècle. »
Propos recueillis par Gilles Charlassier
Du 12 au 18 mai à 20 heures, le dimanche à 15 heures.
Tél. : 03 80 48 82 82. Durée : 2h30 avec 1 entracte.