Dans Dear Prudence (publié aux Solitaires Intempestifs), Christophe Honoré fait se rencontrer un professeur et le père d’un de ses élèves. Leur face-à-face dévoile une histoire d’amour impossible…
Considérez-vous l’écriture pour la jeunesse comme un genre littéraire à part ?
Christophe Honoré : Oui, c’est forcément un genre spécifique, puisqu’il s’agit d’une littérature adressée et surveillée, régie par une loi. En tant qu’écrivain, on ne peut pas ne pas prendre en compte ce cadre-là.
Ce cadre est-il pour vous facteur de frustrations ?
C.H. : Non. Car l’écriture, qu’elle soit destinée aux adultes ou aux adolescents, est toujours un travail de soustraction et de contraintes. Je n’ai jamais vécu les cadres légaux et moraux qui s’appliquent à la littérature jeunesse comme quelque chose qui donnerait moins de valeur à cette écriture-là.
« L’écriture, qu’elle soit destinée aux adultes ou aux adolescents, est toujours un travail de soustraction et de contraintes. »
En quoi le fait de vous adresser à ces publics particuliers vous déplace-il ?
C.H. : Tout dépend de l’âge des personnes pour lesquels on écrit. En ce qui concerne Dear Prudence, l’idée de la commande que m’a formulée Chloé Dabert était de m’adresser à des lycéens. Bien sûr, la question de l’humeur, de l’énergie, de l’humour, de l’ironie se pose de manière différente si l’on écrit pour des adolescent de 15 à 18 ans ou pour des enfants plus jeunes. Et on n’aborde pas les mêmes sujets…
Dans Dear Prudence, vous faites intervenir deux adultes pour évoquer l’amour d’un adolescent…
C.H. : Plutôt que de travailler avec des personnages d’adolescents, j’ai voulu interroger les figures d’autorité que sont le père et le professeur en les plaçant dans des situations qui évoluent uniquement par le langage, par la conversation. Au fur et à mesure de la pièce, que j’ai voulue très incertaine, ces deux personnages vacillent. Je trouve toujours très intéressant d’amener les jeunes spectateurs à douter de ce qu’ils voient.
Entretien réalisé par M.P.S.
