Danse et musique : un lien indissociable
Dans votre livre La Musique carnatique [...]
Après la belle aventure de Jean la Chance, création mondiale de la pièce inaboutie de Brecht, David Ayala retrouve Jean-Claude Fall pour l’inverse absolu de Jean, homme bon. Il interprète Richard, figure du tyran sanguinaire, fils d’un père assassiné, meurtrier du roi et de tous les héritiers possibles, roi éphémère à son tour. Il interprète aussi Edgar dans Le Roi Lear.
Après la belle aventure de Jean la Chance, création mondiale de la pièce inaboutie de Brecht, David Ayala retrouve Jean-Claude Fall pour l’inverse absolu de Jean, homme bon. Il interprète Richard, figure du tyran sanguinaire, fils d’un père assassiné, meurtrier du roi et de tous les héritiers possibles, roi éphémère à son tour. Il interprète aussi Edgar dans Le Roi Lear.
Vous êtes un expert en Bharata Natyam, pourtant interprété presque
exclusivement par des femmes’
Le Bharata Natyam, précédemment nommé Sadir, danse de temple complexe,
millénaire, du Sud de l’Inde, a au fil du temps été réservé aux femmes. La danse
d’homme a été complètement effacée au cours de l’Histoire, et c’est pour cela
qu’elle m’a intéressé. Depuis tout jeune, je voulais apprendre à danser, mais
les cours de danse étaient dévolus à mes s’urs, tandis que j’apprenais à jouer
de la veena. Je ne comprenais pas cette interdiction, mais le maître de danse a
fini par récompenser ma persévérance. J’ai étudié les textes anciens tamouls,
observé les bas-reliefs des temples pour connaître cette danse. Lorsque Rodin a
vu la sculpture de Shiva dansant, il a été transformé, et a voulu créer toutes
ses sculptures en mouvement. C’est le dieu Shiva qui a inventé la danse, un dieu
masculin, et les grands maîtres étaient des hommes !
Comment avez-vous sauvé de l’oubli l’art des danseuses de temple ?
J’ai fait des recherches sur le terrain, autour du Temple de Villenour, cadre
de vie des Devadasi, danseuses de temple, et j’ai travaillé avec les dernières
danseuses à avoir officié dans les temples, pour reconstituer ce répertoire
unique. Elles s’adressaient au dieu comme à leur bien aimé. Les voyageurs
français les ont appelées les bayadères. Ils ont été intrigués par la présence
des musiciens et danseurs de temple, toujours assis à côté des maharajas, parés
des plus beaux bijoux, des plus belles soies, dessinant des mouvements
extraordinaires. Les danseuses de temple, aux m’urs très libres, ont été
assimilées à des prostituées par les puritains britanniques et interdites par
une loi de 1947. La caste Brahmane s’est ensuite accaparé cette danse et l’a
dénaturée.
« Dans la tradition tamoule, les dravidiens ont dit : pour oublier tous nos
chagrins, il faut danser. »
Dans votre livre La Musique carnatique [...]