Danse et musique : un lien indissociable

Danse et musique ne font qu’un : c’est l’essence même de l’art indien. Nous
apprenons à chanter, battre le rythme comme un chef d’orchestre, jouer de la
musique et danser. Je crée toujours les pièces musicales sur lesquelles je
danse. La veena est l’instrument le plus ancien et le plus vénéré de l’Inde du
Sud, autour duquel s’est développée la musique carnatique. Plus de douze ans
d’apprentissage sont nécessaires pour le maîtriser. Depuis le deuxième siècle
avant Jésus-Christ, les traités théoriques sur la danse et la musique, tels le
Nâtya-sâstrâ en sanscrit ou le Silappadikâram en tamoul, ne
séparent pas les arts. Les danseurs et musiciens fouillent le répertoire pour
construire leurs créations et réinterpréter la tradition. Quand on est artiste
en Inde, on n?est pas seulement faiseur de mouvements, on doit connaître la
danse narrative, la danse non narrative, et la littérature. L’artiste doit
vraiment être pluri-disciplinaire, s’il n?est pas assez bon en musique, il sera
un danseur moyen, s’il n?est pas assez bon en philosophie, il ne pourra pas
mettre en scène les textes qu’il interprète. J’ai pris comme modèle le grand
maharaja Swathi Tirunal (1813-1846), mécène, lui-même musicien, poète,
compositeur et danseur. Tous les maharajas ont contribué à la perpétuation des
arts dans les temples. Diriger à la fois la danse et la musique donne une
liberté dans la créativité, ce n?est pas l’interprétation qui compte, c’est ce
que vous créez spontanément.