La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -295-FRANÇOIS VEYRUNES ET LA COMPAGNIE 47.49

Créer à partir de l’humain, rencontre avec François Veyrunes

Créer à partir de l’humain, rencontre avec François Veyrunes - Critique sortie  Grenoble Compagnie 47.49 François Veyrunes
François Veyrunes © Christophe Guibbaud

Entretien

Publié le 20 décembre 2021 - N° 295

Directeur de la Compagnie 47.49, François Veyrunes développe dans une démarche collégiale une recherche autour de l’être.

Tout l’objet de votre recherche est l’être humain, ce qui se lit dans les titres de vos deux dernières trilogies : Une trilogie humaine et Humain trop humain. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

François Veyrunes : Pour être plus précis, notre enjeu est la question de l’être humain en tant que sujet, ses défis, ses choix, son libre-arbitre, sa responsabilité. La compagnie a un peu plus de trente ans et il se dégage peu à peu une langue. Nous créons un langage au service de l’enjeu que je viens d’énoncer. Nous utilisons pour cela les fondamentaux de la danse : le temps, l’espace, la gravité, le transfert du poids. Notre préoccupation majeure est le sol, car lorsqu’on se tient debout en tant qu’être, cela se passe entre la terre et le ciel. De manière symbolique mais aussi très concrète, l’axe vertical est celui de l’être et l’axe horizontal celui de la relation. Tout notre travail est d’essayer d’articuler l’être et la façon dont il est en relation avec autrui, avec le monde et avec ce qui est plus grand que nous. Au premier abord, chacun peut voir que notre danse va lentement, même si nous arrivons aujourd’hui à accélérer le tempo, à gagner dans le spectre des possibles. Cette lenteur n’est pas un choix a priori. Elle est la résultante de notre désir d’incarner, de révéler chacun au maximum de son potentiel, de l’obsession avec laquelle nous travaillons chaque strate, du moindre mouvement jusqu’à la pièce dans sa totalité, dans un souci de cohérence.

« Tout notre travail est d’essayer d’articuler l’être et la façon dont il est en relation avec autrui, avec le monde. »

Pourquoi réaliser des trilogies, est-ce une façon pour vous de prendre le temps de faire le tour d’un sujet ?

F.V. : Lorsqu’on commence à chorégraphier on veut tout dire en une seule pièce. Mon idée est d’être au contraire patient, de faire un pas après l’autre. Pour autant nous ne nous ne sommes pas des universitaires, il ne s’agit pas de fouiller un sujet dans son intégralité mais de créer un espace-temps de travail sans tout jouer sur une pièce.

Vous travaillez de manière collégiale avec Christel Brink Przygodda et Philippe Veyrunes. Quels sont leurs rôles ?

F.V. : C’est en effet une aventure collégiale et nous l’assumons de plus en plus. Si je suis pour ma part directeur artistique et créateur sonore, je cosigne notre dernière pièce, Résonance, avec Christel. Cela fait trente ans qu’elle travaille à mes côtés d’abord comme danseuse puis comme dramaturge. Philippe, mon frère, est quant à lui plasticien. Nous formons ensemble une sorte de trio artistique et orchestrons les trois mediums que sont la danse, le son et l’espace plastique de manière à qu’ils ne se plagient pas mais jouent en tension, en résonance mutuelle.

Vous êtes jusqu’à la fin de cette saison en résidence au TMG, Théâtre municipal de Grenoble, puis le serez à Château Rouge, Scène conventionnée d’Annemasse. En quoi est-ce important pour vous ?

F.V. : Tout le travail que nous conduisons depuis trente ans est adossé à des théâtres, cela nous permet de développer conjointement création et action artistique. Avec le Théâtre municipal de Grenoble nous avons par exemple imaginé des rendez-vous mensuels qui approchent par le prisme du langage du corps des thématiques particulières. Nous y associons des structures associatives et institutionnelles de la ville pour créer des ponts, croiser les publics. Nous donnons ainsi des cartes blanches à des artistes, intervenons dans des musées, à la cinémathèque. Travailler au long cours avec un lieu est très important. Trois ans de résidence, cela signifie partager une aventure humaine avec les équipes mais aussi le territoire, c’est aller vers des publics qui ne fréquentent pas les lieux culturels.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Compagnie 47.49 François Veyrunes
50 quai de France, 38000 Grenoble.

Tél. 04 76 00 10 56.

Site : www.4749veyrunes.com.

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