Cédric Gourmelon met en place à la Comédie de Béthune un incubateur dédié aux jeunes artistes

« L’Incubateur est né de mon envie, lorsque je suis arrivé à Béthune, de créer un dispositif de transmission et d’apprentissage qui puisse permettre à des jeunes artistes d’être accompagnés, sur plusieurs années, à la fois dans les démarches de structuration de leur compagnie et dans l’élaboration de leur premier ou deuxième spectacle. Car les jeunes gens qui sortent des écoles — je parle de celles et ceux qui ont des envies de mise en scène — sont un peu livrés à eux-mêmes. Souvent, ils ne savent pas comment on monte une production, comment s’organise une compagnie, comment on construit un dossier, comment fonctionne le réseau des théâtres publics, quelles aides ils peuvent obtenir… Grâce à l’Incubateur, les équipes de la Comédie de Béthune leur apprennent à devenir les producteurs de leurs spectacles. Tous les deux ans, nous diffusons un appel à projets national à l’attention des compagnies émergentes qui souhaiteraient s’implanter dans le département du Pas-de-Calais pour y faire du théâtre. L’artiste sélectionné bénéficiera de l’aide logistique de notre CDN, ainsi que d’un apport en coproduction important pour la création liée à sa candidature.

Une école de la compagnie

D’une certaine façon, l’Incubateur est comme une “école de la compagnie” qui implique tous les services de notre théâtre : la technique, la production, la communication, les relations avec les publics… Tous ces services aident l’artiste choisi à avancer dans son projet. En ce qui me concerne, je le conseille sur des questions artistiques et dramaturgiques. Après le duo Nicolas Girard-Michelotti et Jean Massé, après Emma Prin et avant Agathe Paysant, que nous accueillons de 2025 à 2027, c’est Simon-Elie Galibert qui a intégré l’Incubateur ces deux dernières années. Il s’agit d’un artiste extrêmement prometteur. La façon dont il tente de réinventer le théâtre est très puissante. Simon-Elie aime diriger les actrices et les acteurs, ce qui aujourd’hui n’est pas très courant. Il s’interroge beaucoup sur la façon de dire un texte, sur la façon de s’en emparer en considérant ses spécificités. Pour moi, cette dimension de la mise en scène est cruciale. Si on ne la traite pas, on se retrouve avec des acteurs qui jouent sans se poser la question du style et de l’écriture. Cette recherche sur le jeu est au cœur de la recherche de Simon-Elie Galibert. C’est l’une des choses qui m’intéressent énormément dans son travail. »

Manuel Piolat Soleymat