Carte Blanche pour La Baraka, une écriture qui tisse des liens entre techniques jazz, classique, contemporaine et hip-hop

Depuis plus de vingt ans, la compagnie La Baraka a échafaudé une écriture qui tisse des liens entre techniques jazz, classique, contemporaine et hip-hop. Les festivals Karavel et Kalypso lui donnent carte blanche, soit l’occasion de rencontrer les esthétiques de deux chorégraphes engagées : Marina Gomes et Nawal Aït Benalla. La compagnie Hylel présente ‘Asmanti [Midi-Minuit], qui nous plonge dans le microcosme d’un quartier de cité, avec cinq interprètes. Construit comme un plan séquence qui s’étalerait de midi à minuit, cette pièce fait écho à l’expérience de sa chorégraphe Marina Gomes, qui a vécu à La Faourette à Toulouse puis à Felix Pyat à Marseille. Grâce à une danse énergique et narrative, qui reprend des techniques break et hip-hop, la chorégraphe met en exergue les contrastes qui façonnent cet espace qui « condense le meilleur et le pire », associé à de multiples violences, mais vecteur de solidarité.

Émancipation féministe

Puis, Nawal Aït Benalla déploie sa danse intense et émotionnelle avec Sur tes épaules, un triptyque pour huit danseuses, inspiré des textes de Simone de Beauvoir. Cette pièce porteuse d’un discours féministe s’ouvre sur un sextet où chaque interprète enfermée dans son espace s’abandonne à une frénésie de sons électro. Elle se poursuit avec un duo compulsif, où les danseuses font jaillir leurs désirs enfouis, avant de déployer un ensemble pour huit interprètes. D’abord timides, hésitantes, les danseuses prennent peu à peu possession de l’espace, livrant un combat sans merci aux carcans patriarcaux qui les entravent. Un geste aussi intense qu’intime.

Belinda Mathieu