Carmen, cour d’assises : Ars Nova se penche sur l’œuvre de Bizet

« Carmen n’est pas évidente à aborder. Il faut respecter l’œuvre – je ne suis pas partisane de couper ou changer la fin – mais, avec la conscience que l’on a aujourd’hui des féminicides, il est nécessaire d’avoir un regard sur ce que la musique transmet. Pourquoi entre-t-on en empathie avec Don José ? Pourquoi accepte-t-on la mort de Carmen ? Que se passerait-il pour Don José dans la vie réelle ? J’ai donc écrit un nouveau récit, squelette de procès qui à partir de l’arme du crime remonterait le fil des événements à la lumière des personnages, témoins-clés de l’histoire.

Deux espaces-temps s’entrelacent

L’opéra s’articule entre le présent du procès et le passé qu’il fait resurgir. Diana Soh a composé une musique qui parfois bascule vers celle de Bizet de façon imperceptible. Les interprètes, eux, sont présents dans les deux temporalités. Cela a un impact sur la distribution : il fallait trouver une Micaëla qui puisse être aussi l’avocate de la défense, capable d’assumer le contraste entre le lyrisme passionné de Bizet et l’écriture de Diana Soh, riche des apports d’un autre siècle de musique. Carmen, bien entendu, n’est présente que dans le passé ; en revanche le rôle de Don José est doublé : je tenais à ce qu’il puisse se voir commettre l’acte.

Propos recueillis par Jean-Guillaume Lebrun