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Focus -308-Café Libertá par Ambra Senatore et Jérôme Correas : un vent de liberté souffle sur le baroque

Café Libertá par Ambra Senatore et Jérôme Correas: un vent de liberté souffle sur le baroque

Café Libertá par Ambra Senatore et Jérôme Correas: un vent de liberté souffle sur le baroque - Critique sortie  Saint-Quentin-en-Yvelines
Ambra Senatore et Jérôme Corréas © Bastien Capela

Publié le 20 février 2023 - N° 308

Ambra Senatore, chorégraphe, et Jérôme Correas, directeur de l’orchestre Les Paladins, s’associent pour mettre en danse et en scène les Cantates du café de Jean-Sébastien Bach et Nicolas Bernier. Bousculant les codes du concert, ils nous offrent un voyage lyrique, chorégraphique et ludique sur les traces de ce breuvage si inspirant.

Comment est né le projet de cette pièce ?

Jérôme Correas : Ce projet est né de la rencontre avec Ambra dont le travail m’intéressait beaucoup. Je l’ai contactée, pensant qu’une collaboration pourrait être intéressante. Comme elle est italienne, j’ai eu l’idée de lui proposer un projet à partir de deux œuvres vocales d’envergure qui parlent du café, la Cantate du café de Jean-Sébastien Bach et la cantate Le Caffé de Nicolas Bernier. J’avais envie d’explorer cette cantate de Bach d’une manière véritablement théâtrale et bouffe, ce qui est rarement le cas, tant on est facilement écrasé par l’ombre de Bach et le sérieux de sa musique religieuse. Or il était un bon vivant qui adorait l’opéra, on ne le sait pas assez.

« Bach était un bon vivant qui adorait l’opéra, on ne le sait pas assez. » Jérôme Correas

« Je tenais à prendre des libertés par rapport à ce que l’on attend de la danse sur de la musique baroque. » Ambra Senatore

Ambra Senatore : J’ai de mon côté accueilli la proposition de Jérôme avec beaucoup de curiosité. Je ne compose jamais sur la musique, qui arrive dans mes pièces après la danse. Comprendre que son approche collait avec ce que je pouvais offrir sur une telle collaboration, en décalage avec les codes attendus pour la musique baroque, m’a convaincue d’accepter ce projet.

Comment avez-vous collaboré ?

A.S. : Comme nous avions peu de temps Jérôme a d’abord préparé et enregistré une version concert de la musique sur laquelle nous avons commencé à improviser avec les danseurs et danseuses qui m’accompagnent. Ce sont les complices d’une vie, notre connivence est précieuse. J’avais envie d’intégrer les chanteurs et chanteuses à notre travail, que les musiciens soient aussi sur le plateau, que tous puissent avoir un apport à la question du mouvement. J’ai également demandé à Jérôme si on pouvait interrompre les musiciens pour prendre la parole autour de l’histoire du café, des contenus des cantates, et d’autres sujets. Il a été très à l’écoute et a dit oui à tout. C’était important pour moi car je tenais à prendre des libertés par rapport à ce que l’on attend de la danse sur de la musique baroque, à jouer avec les codes des concerts de musique classique. Tous et toutes ont été partants, témoignant d’une grande ouverture.

J.C. : Notre collaboration a été un dialogue constant. Ambra n’a cessé de me questionner sur la liberté que cette musique peut avoir : « Peut-on attendre, distendre le temps ? Peut-on au contraire aller plus vite ? Est-ce que les chanteurs peuvent avoir telle attitude, ceci est-il physiquement possible pour eux ? » Cette démarche est pour moi extrêmement inspirante car elle me permet d’interroger mes habitudes, de me débarrasser de choses qui nous semblent obligatoires mais qui finalement ne le sont pas.

Est-ce à cette liberté de création que fait référence le titre Café Libertá ?

J.C. : Tout à fait, mais il est aussi question de liberté dans l’œuvre de Bach comme dans celle de Bernier. Chez Bach, il s’agit de la liberté d’une jeune fille amatrice de café qui ne veut pas que son père lui dicte sa conduite. Chez Bernier de la liberté de rêver, de penser, de créer toute la nuit en volant des heures au sommeil grâce au café.

A.S. : Nous nous sommes également penchés sur l’histoire du café, sur ce que signifiait cette boisson à l’époque des cantates et aujourd’hui, sur sa valeur sociale, son rôle émancipateur. C’est souvent dans les cafés que des échanges d’idées ont amené à des révolutions, dans tous les pays. Mais il recèle aussi un aspect plus sombre, son commerce qui était lié à l’esclavage continue de poser des problèmes politiques et éthiques.

 

Propos recueillis par Delphine Baffour

A propos de l'événement

Café Libertá
du mardi 7 mars 2023 au vendredi 5 mai 2023


Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Place Georges Pompidou, 78180 Saint-Quentin-en-Yvelines. Le 7 mars à 20h30. Tél. 01 30 96 99 00. Durée : 1h15.

Centre d’art et de culture de Meudon, 15 bd des Nations Unies, 92190 Meudon. Le 9 mars à 20h45. Tél. 01 49 66 68 90.

Théâtre de Corbeil-Essonnes, 22 rue Félicien Rops, 91100 Corbeil-Essonnes. Le 11 mars à 20h30. Tél. 01 69 22 56 19.

Opéra de Massy, 1 Place de France, 91300 Massy. Le 18 mars à 20h. Tél. 01 60 13 13 13.

 

Également les 4 et 5 mai au Théâtre Graslin, Nantes.

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