Avec « Tropique du képone », Myriam Soulanges et Marlène Myrtil dénoncent le scandale du chlordécone aux Antilles

Pourquoi avoir décidé de reformer votre duo après Principe de Précaution ?

Myriam Soulanges : Cette prolongation de notre collaboration, dix ans après la création de Principe de précaution, est le fruit de notre engagement, de notre désir d’agir face au scandale du chlordécone, à ses conséquences humaines, sociales et économiques sur les populations de Guadeloupe de de Martinique.

Marlène Myrtil : Nous continuons de jouer Principe de précaution, ce qui signifie que cette thématique suscite toujours de l’intérêt. Tout en projetant de transmettre cette pièce à de jeunes danseurs nous avions envie d’aller plus loin et c’est ce qui nous a poussé à créer Tropique du képone. Nous avons encore beaucoup de choses à dire sur ce sujet.

« Le concept de l’afrofuturisme nous a amenées vers une écriture de résistance. »

Comment traitez-vous du scandale du chlordécone dans ce deuxième duo ?

M.M. : Nous nous sommes beaucoup appuyées sur un temps de recherche qui nous a permis de collecter des archives et d’enquêter auprès d’un collectif d’ouvriers agricoles empoisonnés en Martinique. Nous donnons à entendre sur scène certains extraits de ces entretiens qui offrent un éclairage sur la situation vécue. À partir de ce socle, nous avons travaillé avec Michael Roch qui nous a amené vers l’idée d’un afrofuturisme.

M.S. : Ce concept de l’afrofuturisme nous a amenées vers une écriture de résistance.  En porosité avec nos histoires afro-descendantes nous avons cherché des formes de transformation, « d’empuissancement » permettant de montrer des corps cyborgs, des corps glorieux, non contaminés, « incolonisables ».

Propos recueillis par Delphine Baffour