La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -310-À l’Onde, une saison anniversaire ambitieuse et festive au plus près des publics

Avec Joël Gunzburger, la transmission conjugue ancrage local et ouverture internationale

Avec Joël Gunzburger, la transmission conjugue ancrage local et ouverture internationale - Critique sortie  Vélizy-Villacoublay L’Onde - Théâtre Centre d’art
© Priscilla Mabillot Joël Gunzburger, directeur de l’Onde

Entretien Joël Gunzburger

Publié le 27 avril 2023 - N° 310

Directeur de l’Onde depuis 2015, Joël Gunzburger n’est pas un suiveur mais un amateur passionné et professionnel, à l’écoute de l’époque sans y être assujetti.

De quelle manière avez-vous souhaité fêter les 20 ans de l’Onde ?

Joël Gunzburger : Rythmée de temps forts, s’aventurant aussi hors les murs dans une atmosphère particulièrement festive, la saison entière salue cet anniversaire, en pleine conscience de la valeur du temps qui s’écoule et se nourrit de l’expérience, dans un esprit de continuité vis-à-vis de l’action de mes prédécesseurs. Avec ses trois salles de spectacle et son Centre d’Art, l’Onde est un outil exceptionnel de dimension nationale implanté dans une ville de 20 000 habitants. On pourrait le qualifier de démesuré, mais mon analyse est qu’il résulte d’une ambition humaniste, généreuse et utopiste de partage et de découverte. L’Onde est l’un des plus grands plateaux d’Ile-de-France, capable d’accueillir toute forme de spectacle, dont le meilleur de la création internationale, un enjeu et une ouverture qui me passionnent. Divers événements structurent chaque saison de l’Onde, permettant ainsi d’élargir son public. Immersion Danse en novembre, moment de grande effervescence avec des créations de tous horizons, Un air de famille en décembre dédié à des spectacles tout public, le Festival ElectroChic au printemps consacré à la musique électro sous toutes ses formes, que j’ai cofondé avec le directeur des services culturels de la ville de Versailles en 2015, un temps fort en juin dédié aux associations et établissements scolaires qui travaillent en partenariat avec l’Onde tout au long de l’année et présentent des rendus de travaux réalisés sous la direction d’artistes. Le 10 juin, notre saison anniversaire particulièrement fédératrice et ambitieuse s’achève avec le Ciné-concert Frankenstein de Joachim Latarjet sur le parvis de l’Onde, et avec la performance du chorégraphe autrichien Willy Dorner Bodies in Urban Spaces, qui investit l’espace public de manière surprenante. Il y a vingt ans que je rêve d’inviter ce remarquable artiste !

Votre affirmez dans votre démarche l’importance de la fidélité aux artistes, de la transmission. Que signifient pour vous ces lignes de force ?

J.G. : Je suis quelqu’un de fidèle en amitié comme en affinités artistiques. J’accompagne nombre d’artistes, souvent depuis longtemps, tels Gaëlle Bourges, Jann Gallois, Thomas Lebrun, La Cordonnerie, Anne Teresa de Keersmaeker, Peeping Tom, Lies Pauwels, Lorraine de Sagazan, Yann Frisch, William Kentridge… Les artistes grandissent et nous font grandir. J’aime l’idée d’un soutien sur le temps long, l’idée d’acquérir ensemble une certaine maturité, de vieillir ensemble. L’idée aussi de considérer que la création se fonde sur une dialectique qui inclut la réussite mais aussi l’échec. Parfois certains artistes peuvent être délaissés avec un dédain insupportable, cela me heurte. Les phénomènes de mode voire de jeunisme peuvent s’avérer redoutables dans nos métiers. Or l’art nous dépasse, nous emporte, nous émeut, indépendamment de toute volonté de plaire. Je pense à Régine Chopinot à mes yeux insuffisamment programmée qui a présenté à l’Onde top, une magnifique création qui a enthousiasmé une salle emplie de jeunes qui ne la connaissaient pas. Mon métier consiste essentiellement à transmettre, à être un passeur en organisant la rencontre entre les artistes et le public.

« J’aime l’idée d’un soutien sur le temps long, l’idée d’acquérir ensemble une certaine maturité. »

L’Onde est une scène conventionnée reconnue d’intérêt national – Art et Création – pour la danse. Quelle est votre attachement à la danse ? 

J.G. : J’ai été formé au Conservatoire supérieur d’art dramatique de Bruxelles, et j’ai longtemps revendiqué être un homme de théâtre, mais mes plus grandes émotions de spectateur, je les dois à la danse.  À 14 ans, j’ai été ébloui par le Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart, puis j’ai mis de côté ce grand frisson, alors que je me suis souvent ennuyé au théâtre. Le conventionnement de l’Onde m’a permis de renouer avec cette évidence, de réaffirmer ce goût pour la danse qui ne m’avait jamais quitté. La pluridisciplinarité me convient très bien, c’est une très grande richesse et une source de découvertes qui provoque la curiosité du public. Ce qui est formidable avec le spectacle vivant, c’est que les histoires qui nous sont transmises nous projettent dans un tourbillon d’émotions.

 

Propos recueillis par Agnès Santi

A propos de l'événement

Joël Gunzburger
L’Onde - Théâtre Centre d’art
8 bis avenue Louis Breguet, 78140 Vélizy-Villacoublay.

Tel : 01 78 74 38 60.

www.londe.fr

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