Contes et frissons
Nils Öhlund met en scène Bruno Journée pour [...]
Focus -235-Saison 2015~2016 de la Comédie de l’Est
Aux suivants traite de la question du monde qui est en train d’être légué aux jeunes générations. Un spectacle multiforme, écrit et mis en scène par Charlotte Lagrange.
Pourquoi revendiquez-vous l’écriture au plateau comme mode de création ?
Charlotte Lagrange : C’est un processus d’écriture que nous avions expérimenté dans L’Âge des poissons, un spectacle fondateur pour notre compagnie, qui a donné envie à nos partenaires de s’investir sur ce projet. Concrètement, j’écris un texte que nous travaillons à la table, puis au plateau, avec les comédiens. La création se fait en plusieurs allers-retours entre l’écriture et le plateau, et, au final, si certaines scènes restent improvisées, la majeure partie du texte est écrite. Cela dépend des fils narratifs.
Quels sont-ils ?
C. L. : Il y en a plusieurs. L’un est poétisé : un martien raconte notre monde vu depuis le futur. L’autre repose sur une situation : une jeune fille demande à ses parents de la rembourser. Un autre est plus de l’ordre de la comédie : des gens jouent au Kervielopoly, un jeu entre trading et Monopoly, qui traite de la situation économique de notre époque. Et le fil central, qui relie toutes les histoires entre elles, est celui d’une famille qui se dispute l’héritage moral et patrimonial d’un père.
Quelles sont les thématiques qui les rassemblent ?
C. L. : Je voulais faire le portrait d’une société plombée, où l’on a l’impression qu’il n’y a pas de futur, où le discours économique corsète nos perspectives. La peur, si ce n’est de la fin du monde, au moins de la fin d’une ère, affecte grandement nos rapports sociaux. Par l’humour et en redonnant force à l’imaginaire des personnages, je voudrais faire en sorte qu’on arrive à nouveau à s’inventer un avenir.
Comment ces fils et thématiques s’articulent-ils au plateau ?
C. L. : Le travail au plateau permet d’être proche des comédiens, de leur personnalité, de leur corps, et de donner une impression de réel. Je fonctionne beaucoup avec des micros HF, ce qui évite d’avoir à projeter sa voix et permet d’entrer dans un registre plus cinématographique. Le but est d’arriver à créer un univers entre réel et imaginaire. On réfléchit beaucoup sur le trouble des perceptions. On cherche comment arriver à faire naître les visions parfois cauchemardesques des personnages dans l’espace réaliste d’une maison dont on se partage les biens.
Propos recueillis par Eric Demey
Tél. : 03 89 24 31 78. Site : www.comedie-est.com
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