Tour d’horizon des concerts de la saison 21/22 d’Ars Nova
Les deux premiers grands rendez-vous de la [...]
Certains viennent d’arriver, d’autres sont là depuis trente ans, mais tous les musiciens d’Ars Nova partagent le goût de la musique faite ensemble. Quand la musique est aussi une affaire d’écoute et de confiance. Bref, de démocratie.
Depuis sa création, il y a près de soixante ans, la vie d’Ars Nova a toujours été une aventure collective, le lieu de rencontres entre des musiciens passionnés et des œuvres nouvelles — et derrière ces œuvres, bien sûr, des compositeurs et compositrices. Chaque projet est ainsi devenu le point de départ de relations artistiques et amicales, propres à entretenir la curiosité et l’ouverture, vertus cardinales de l’ensemble. Interviewé il y a douze ans dans La Terrasse, l’altiste Alain Trésallet lançait : « On peut arriver à l’Ensemble Ars Nova par hasard, mais on n’y reste pas par hasard ». Toujours présent douze ans après, il ne renierait pas cette boutade, pas plus d’ailleurs qu’aucun de ses collègues. Parmi eux, cinq se retrouvent au sein du Comité Artistique Participatif (CAP), nouvelle instance de dialogue de l’ensemble lancée en 2019. Proposés par leurs pairs et issus de chacun des pupitres, la tromboniste Mathilde Comoy, la percussionniste Isabelle Cornelis, le clarinettiste Éric Lamberger, la violoncelliste Isabelle Veyrier, ainsi que le régisseur Erwan Le Métayer sont un maillon essentiel dans l’élaboration de la stratégie artistique d’Ars Nova au côté du directeur général Benoît Sitzia.
Dialoguer : un atout essentiel, social autant qu’artistique
Tous revendiquent d’une seule voix la nécessité d’un tel fonctionnement démocratique au sein d’un ensemble : « cela permet d’éviter beaucoup d’écueils, dont l’un des plus fréquents est une certaine forme de sclérose et de repli sur soi, soulignent-ils. Or c’est quelque chose que l’on ne peut se permettre dans un ensemble dédié à la création ». Ce dialogue permanent, renforcé par la présence de deux membres délégués au sein des assemblées générales de l’association Ars Nova, est un gage d’efficacité : « par exemple, la question des droits audiovisuels liés au streaming, dont la crise sanitaire a amplifié la pratique, s’est réglée chez nous en deux minutes : on a créé des barèmes » remarquent les musiciens. C’est en cela aussi que cette initiative est intéressante et gagnerait à essaimer dans d’autres organisations : loin de brouiller les rôles de chacun, la prise en compte des problématiques propres aux musiciens, en amont des décisions, renforce la confiance de chacun dans la direction de l’ensemble. Et, de l’avis des membres du CAP, ils n’y perdent pas leur identité. Est-ce chronophage ? « Non, répondent-ils. Parce que cela fait partie de notre métier et que nous le faisons avec passion. Bien sûr, la rédaction des comptes-rendus à l’issue des réunions n’est pas notre moment préféré, mais cela aussi nous le faisons en bonne entente, à tour de rôle. Le plus clair de notre temps, nous le passons toujours sur les partitions ! ».
Jean-Guillaume Lebrun
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