La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Focus -178-dijon

ARLETTE CHOSSON

ARLETTE CHOSSON - Critique sortie Théâtre

Publié le 10 mai 2010

LA SCENE AUX RENARDS

DEPUIS VINGT ANS, ARLETTE CHOSSON TENTE DE FAIRE PARTAGER SA PASSION POUR LES RENARDS ET LA VIE SAUVAGE AUXQUELS ELLE REND HOMMAGE DANS UN SPECTACLE MELANT JEU, DANSE, MUSIQUE ET VIDEO.

Depuis quand partagez-vous la scène avec des animaux ?
Arlette Chosson : Depuis 1976. Ca a commencé avec un âne qui a participé à trois spectacles. Les renards sont arrivés dans un des cycles de travail. Ces spectacles sont nés du désir de mettre la nature en scène et de la fascination pour le désordre que créent les animaux. Le but est de raconter ce monde d’odeurs et de sensations très fortes qui n’a pas sa place dans notre société aseptisée. Comme pour rejoindre le monde d’avant ou un Orient imaginaire où les gens vivaient en harmonie avec les animaux. Dans ce spectacle, les renards seront surtout présents par la vidéo même si quelques-uns viennent à la fin devant le public. Je veux les montrer car il ne suffit pas d’en parler : leur présence fait surgir cet irrationnel dont l’animal est porteur.
 
Parlez-vous des hommes en parlant des renards ?
A. C. : Depuis vingt ans je filme les renards. C’est un état de résistance que de s’occuper des nuisibles et d’essayer de les faire aimer. Mais, comme dans Le petit Prince, c’est un grand plaisir d’en être aimé. C’est un plaisir inexplicable. Parler des renards, c’est prendre la défense de la vie dans un monde de mort. Le renard représente l’énergie, le brigand, le rebelle, le reflet d’une pensée mobile qui va à l’essentiel. Le spectacle porte aussi sur la société, sur les sans-papiers, sur les nuisibles et les différents qui gênent. L’ordre règne partout, même à la campagne : on ne peut plus vivre comme on veut et il faut rentrer dans le rang. Le naturaliste Robert Hainard disait : « demain, la sécurité et le confort seront obligatoires ». C’est un peu ça l’enjeu du spectacle.
 
Quels sont les éléments dramaturgiques de votre spectacle ?
A. C. : ça part d’un conte de Tanizaki, La Source au renard blanc. Je raconte ma vie, les naissances des petits, la joie, la complicité, les promenades avec eux. La vidéo les montre et l’univers sonore, pour lequel le musicien Laurent Bigot a retravaillé les cris des renards, les évoque avec force. Sur scène, je compose une sorte de théâtre Nô, avec de la danse et du mouvement autour des textes. J’essaie de retrouver un monde d’enfance et c’est avec les animaux, qui ne trichent pas, que j’y arrive le mieux : avec eux, c’est toujours l’essentiel qui est en cause. Ma relation avec eux est à la fois une passion et une contradiction avec le monde actuel : c’est de cela que parle le spectacle.

Propos recueillis par Catherine Robert


Liberté grande de l’animal sauvage, avec Arlette Chosson et la renarde Shouchoa et la complicité
de Jean-Louis Hourdin. Le 27 et le 28 à 21h
et le 29 à 16h. Salle Jacques Fornier.

A propos de l'événement



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