Anba té, adan kò de Magalie Mobetie

« Je suis très heureuse que mes deux premières installations, 0,005 m³ d’identités et Anba té, adan kò soient présentées aux Safra’Numériques. C’est la première fois qu’elles pourront être vues ensemble, et je suis curieuse de voir comment elles vont entrer en dialogue pour les visiteurs. Car pour moi, la seconde se place dans la continuité de la première. Dans 0,005 m³ d’identités, que j’ai créé dans le cadre de mon Master Arts, Scène et Images Numériques, j’explore les questions des identités et des racines en interrogeant des personnes de ma génération – des 20-30 ans –, tandis que dans la suivante – créée au Fresnoy – je le fais en collectant des témoignages de personnes des générations précédentes. Dans les deux cas, je cherche à rendre le spectateur acteur de mes pièces.

Voix et images d’outre-mer

Le point de départ de 0,005 m³ d’identités est une question. Je commence mes recherches, mes entretiens avec de nombreuses personnes pour répondre à cette interrogation à laquelle je ne trouve pas de réponse en moi : que cela signifie-t-il, être français d’outre-mer ? Le visiteur peut accéder aux témoignages récoltés en ouvrant des bouteilles en verre. Quant à Anba té, adan kò, elle part du constat personnel d’un manque de fondation familiale. Cela m’amène à questionner des membres de ma famille sur la traite négrière et l’esclavage. Grâce à la technique de la photométrie, j’ai pu sauvegarder l’image de huit personnes de ma famille en 3D. Faisant appel à la Réalité Augmentée, j’ai placé leurs doubles fantomatiques et leurs voix au pied d’un arbre qui évoque l’arbre de l’oubli du Bénin, lié à l’esclavage. Ici, on tourne autour de l’arbre non pas pour oublier mais pour se souvenir ».

Anaïs Heluin