Mourad Merzouki éclaire une impressionnante et dynamique création hip-hop
Danseur, chorégraphe et plus encore passeur. [...]
Féminin ? Masculin ? Pluriel.les en tout cas. Affranchies s’extrait des clichés dans un spectacle qui se moque des codes de la danse et de la vie.
Affranchies a pour thème la condition féminine….
Amalia Salle : Oui, entre autres, mais elle évoque aussi la condition humaine, notre propension à nous enfermer dans des codes, et notre capacité à nous en affranchir pour atteindre notre propre individualité face à la société et ce qu’elle nous impose. Bien sûr, la pièce peut parler beaucoup aux femmes, d’autant que cinq danseuses sont sur scène.
Quels sont ces codes auxquels vous vous attaquez ?
A.S. : J’ai déstructuré les codes du hip-hop comme ceux de la danse contemporaine. J’ai créé ce qui me venait le plus naturellement en écoutant la musique et en suivant le fil rouge que je m’étais imposée. Les codes de la danse sont bouleversés car la pièce comporte du théâtre et les musiques se succèdent sans se ressembler.
Parmi vos musiques figurent Les Quatre Saisons de Vivaldi. Pourquoi ?
A.S. : C’est une pièce irriguée par Les Quatre Saisons. On entend l’original par l’Orchestre de chambre national de Toulouse, mais aussi la recomposition de la musique de Vivaldi par Max Richter. Il y a aussi du jazz, de l’électro et presque de la pop, pour éviter le cliché de la chorégraphe qui aurait décidé d’utiliser des sons classiques sur des danses qui ne le sont pas.
À part les codes artistiques et chorégraphiques, de quoi devrions-nous nous affranchir ?
A.S. : De la structuration d’une vie ou d’une journée. Tous les gestes deviennent aliénants si nous les effectuons machinalement, sans se demander s’ils nous rendent heureux. Tout peut devenir un mécanisme infini, redondant, comme une chaîne industrielle où les mêmes objets liés aux mêmes gestes passent devant nous inlassablement. Il y aussi les grands médias et la façon de s’abrutir devant des écrans qui nous saturent d’informations, souvent incomplètes, inutiles, voire stupides, qui nous éloignent de tout questionnement, de toute réflexion sur nous-mêmes. J’ajouterais l’image de la femme et ce qu’on attend d’elle. Comment la déconstruire ? Idem pour le genre. C’est un spectacle en forme de combat pour que le public ouvre les yeux et sorte du spectacle un peu plus conscient.
Propos recueillis par Agnès Izrine
Karavel : 3 octobre à Pôle en Scènes, Bron.
Kalypso : 22 novembre au 13e Art, Paris.
Programmations en ligne :
Festival Karavel : 26 septembre au 28 octobre
Festival Kalypso : du 4 novembre au 23 décembre
Trans’Urbaines : du 7 au 12 novembre
Danseur, chorégraphe et plus encore passeur. [...]