Depuis le 4 septembre et jusqu’au 11 octobre, le festival d’Île-de-France se conjugue au féminin des pluriels musicaux, du Moyen Age à aujourd’hui. «Nous avons voulu inviter des femmes multiples. Égéries, guerrières, icônes, porte-parole de leur condition ou de celle de minorités bafouées, pythies, déesses, amoureuses, championnes des combats ordinaires, mères, coupables de transgressions, amazones du quotidien, muettes ou tues à jamais, ombres voilées d’un monde contemporain où l’égalité n’existe pas… Et à l’étude de ces figures, nous interroger sur la féminité » annonce Charlotte Latigrat, directrice du Festival. Arrêt sur image sur deux moments de création.
A la tête de ses Solistes de Lyon et avec la complicité au piano de Philippe Cassard, Bernard Tétu revisite un petit opéra de chambre oublié de Schubert : Les Conjurées. Dans ce singspiel délaissé aux savoureuses ressources mélodiques, le compositeur s’est amusé à détourner deux comédies d’Aristophane (L’assemblée des femmes et Lysistrata) pour inventer une fantaisie féministe, médiévale et pacifiste. La comtesse Ludmilla réunit les femmes des chevaliers, toutes lassées de voir leurs hommes partis à la guerre, pour les convaincre d’organiser une grève du sexe. Une stratégie gagnante car les maris ne tarderont pas à cesser les combats. Une avant-première (en plus efficace) de l’opération « No peace, no pussy ! » mené par les femmes américaines décidées à lutter contre la guerre en Irak…
Musique corse
Aux antipodes, le projet « A Nanna » est consacré à un répertoire de berceuses traditionnelles corses. Catherine Simonpietri a souhaité replonger vers ses racines en ouvrant un dialogue entre divers modes de transmission -l’un écrit, l’autre oral -, entre des esthétiques et des traditions vocales très différentes. Les voix de son ensemble Sequenza 9.3, familier des répertoires contemporains, rencontre l’ensemble traditionnel Madrigalesca de Pigna dirigé par Nicole Casalonga. Ces deux formations vocales féminines que rien ne prédisposait à se retrouver sur la même scène provoquent « un voyage musical insulaire, rapprochant la tradition populaire des chants de femmes aux racines ancrées au plus profond de la Corse, à l’adaptation d’écriture savante et des voix lyriques de chanteuses… » explique Catherine Simonpietri. Le programme, entièrement chanté a cappella, est construit autour de berceuses traditionnelles arrangées pour un choeur de six voix lyriques entre lesquelles s’intercalent des mélodies traditionnelles relatant les évènements de la vie féminine à différents stades de l’existence, interprétées par les voix corses.
Les Conjurées de Schubert : Dimanche 27 septembre à 16h30. Musée National de Port-Royal des Champs, Magny-les-Hameaux (78114). Avec Philippe Cassard (piano), Elisabeth Macocco (comédienne), Jean Lacornerie (mise en espace) et Patrick Millet (conception surtitrage et habillage vidéo).
A Nanna : Dimanche 4 octobre à 16h30 à la Collégiale de Campeaux (77).
Visites, rencontres, ateliers, déjeuner, conférence, table ronde et master class entourent ces deux concerts.