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Le Cirque Bang Bang pose son chapiteau et ses [...]
Hélène Soulié met en scène Eyolf, d’Ibsen, « drame bourgeois aux allures de film noir », où, autour de la mort de l’enfant de la maison, se déchirent trois adultes pris dans les rets de la responsabilité.
Alfred est rentré de voyage. Il retrouve son fils, Eyolf, dont il espère pouvoir s’occuper mieux qu’il ne l’a fait jusque là, tant il était obnubilé par l’œuvre qu’il ne parvient pas à achever. Il retrouve également sa femme, Rita, et Asta, sa demi-sœur, jusqu’alors sa confidente privilégiée. Rita voudrait son mari pour elle seule, mais après avoir été privée de lui à cause de sa création, elle comprend qu’elle va continuer de l’être par son enfant. Arrive la Demoiselle aux rats, chasseuse de rongeurs, qui a le pouvoir de les attirer pour les conduire jusqu’au fjord où ils se noient. Mais c’est Eyolf, fasciné par cette étrange visiteuse, qui la suit et s’enfonce dans l’eau noire, ne laissant aux adultes que la terrible culpabilité qui les gangrène, encore et toujours.
Coupables, forcément coupables
Comment faire face à la responsabilité ? Après avoir essayé en vain d’en théoriser les conditions, Alfred doit en affronter la réalité, face à Rita et Asta. Pour Hélène Soulié, il s’est agi de « travailler la pièce comme une photo à développer », comme si « quelque chose de spectral » s’imprimait peu à peu dans l’imagination du spectateur, considérant le théâtre comme le lieu de la révélation et du dévoilement de ce qu’on ne voit pas à l’œil nu. Interrogation sur « l’entre-deux », entre la vie et la mort, la surface et les abysses du fjord, la pièce ausculte les rapports entre la présence et l’absence, et Hélène Soulié fait du théâtre le lieu poreux de leur rencontre.
Catherine Robert
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