Myriam Marzouki convoque ensemble musiciens et comédiens pour élaborer, au cœur d’un plateau créateur, une lecture décalée du siècle passé dont le texte de Patrik Ourednik fournit la trame.
Pour éviter les impasses de l’illustration réaliste et n’avoir pas à passer par la figuration, rendue impossible étant donnée la densité anecdotique du texte de Patrik Ourednik, Myriam Marzouki a choisi la forme du « théâtre-concert » pour adapter à la scène ce florilège des événements du XXème siècle que retient la mémoire de son auteur avançant par sauts et gambades. Piano, batterie, guitare, contrebasse, accordéon, synthétiseur, mélodica et autres objets sonores permettent aux trois interprètes (Stanislas Grimbert, Nicolas Laferrerie et Emilien Pottier), qui sont aussi les compositeurs de leur partition, de soutenir, encadrer, relancer, appuyer, contraster les prestations vocales de leurs trois compagnes en charge du texte (Alice Benoit, Charline Grand et Clémence Léauté). L’ensemble engendre un objet scénique original, mis en mouvement par une scénographie reposant sur trois plateaux tournants qui offrent des tableaux inattendus et parfois très réussis dans leur simplicité et leur inventivité, telle la scène où des découpages dessinent les décors des événements racontés.
Un texte parfois limité mais un spectacle total
Transformant le texte en terrain de jeu, les trois comédiennes usent malicieusement des costumes, des postures, des accessoires pour dynamiser l’écoute et en relancer régulièrement l’intérêt. A tel point, parfois, et c’est peut-être là l’écueil d’une proposition aussi foisonnante, que l’oreille perd ce que gagne l’œil et qu’on a tendance à lâcher le fil du propos à force d’observer les conditions de son interprétation. A cet égard, il faut remarquer que le texte de Patrik Ourednik n’est pas sans faiblesses. Il est efficace quand il est drôle et léger et adopte résolument le niveau du second degré, mais il s’épuise lorsqu’il verse dans davantage de sérieux. La volonté globalisante trouve ici ses limites tant il est évident que l’on ne peut pas faire leçon aussi brièvement d’un siècle aussi complexe : les raccourcis idéologiques ont ainsi parfois tendance à relever de la caricature. Toujours est-il que le projet de Myriam Marzouki est d’évidence artistique et ne relève ni de l’édification ni du cours. En cela, et grâce au dynamisme et à l’entrain des artistes qu’elle réunit sur scène, elle parvient à aboutir la gageure syncrétique qui est la sienne.
Europeana, Une brève histoire du XXème siècle, texte de Patrik Ourednik ; adaptation et mise en scène de Myriam Marzouki. Du 3 au 28 juin 2009. Du mercredi au samedi à 21h ; dimanche à 17h. Maison de la Poésie, passage Molière, 157, rue Saint-Martin, 75003 Paris. Réservations au 01 44 54 53 00.