Et des poussières…

Dès le début du spectacle, tous les éléments sont réunis pour faire de la scène une porte ouverte à un imaginaire en route, doublé d’un implacable va-et-vient vers la réalité. Ils débarquent du fond du plateau, se dirigent vers cette dune de vêtements qui trône à l’avant-scène. Un simple déplacement s’ils n’étaient pas eux-mêmes contraints dans leurs costumes trempés, et occupés ensuite à se vêtir et dévêtir comme pour mieux changer de peau… Mais c’est également à travers la parole qu’ils nous plongent dans leur univers : déclinaison d’identité, et on les découvre alors sous l’angle implacable de leur filiation, froidement révélée. Eux, ce sont les membres du collectif 2 temps 3 mouvements, soient Sylvain Bouillet, Nabil Hemaïzia et Mathieu Desseigne, ce dernier issu du CNAC et que l’on a pu voir danser chez Alain Platel.

Le cirque et la danse, deux langages entrelacés

Ils sont rejoints pour Et des Poussières… par Marie Bauer. Cette dernière s’inscrit magnifiquement dans ce trio masculin d’une grande physicalité en exploitant ses qualités de circassienne et voltigeuse, multipliant les combinaisons et les portés. Le spectacle donne une image forte, voire brute, d’une jeunesse en mouvement. Une jeunesse qui n’a peur de rien sinon de ce qu’elle peut découvrir derrière les épaisseurs qui la constituent. Même quand le ciel leur tombe sur la tête (une avalanche de feuilles mortes en pluie sur le plateau), ils s’en emparent, jouent de cette matière avec envie et emphase. Le titre de la pièce, qui suggère quelques grammes de légèreté, n’est pas le reflet du sentiment général qui se dégage du spectacle : c’est une pièce pleine de foisonnement, de virtuosité, parfois de bavardages, qui semble multiplier les propositions comme pour courir après le temps.

Nathalie Yokel