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Théâtre - Entretien

Entretien Nino D’Introna

Entretien Nino D’Introna - Critique sortie Théâtre
Crédit Photo : Michel Cavalca Légende photo : « Jojo au bord du monde : le parcours initiatique d’un jeune adolescent. »

Publié le 10 octobre 2008

Pour la communion de tous les publics

Après Yaël Tautavel ou l’enfance de l’art, le directeur du Théâtre Nouvelle Génération – Centre Dramatique National de Lyon met en scène une nouvelle pièce du jeune auteur Stéphane Jaubertie : Jojo au bord du monde. Un spectacle tout public à partir de 9 ans présenté au Théâtre de l’Est parisien.

Stéphane Jaubertie est artiste associé au Théâtre Nouvelle Génération. Quel sens donnez-vous à cette collaboration ?
Nino D’Introna : Il s’agit presque, pour moi, d’un acte politique. Car, un Centre Dramatique National est un lieu de création, un lieu qui doit avoir pour vocation d’accueillir des artistes afin de tenter de les aider à exercer leur art. Il est très important qu’un auteur puisse, comme un metteur en scène, un scénographe ou un comédien, faire partie des créateurs associés à un tel lieu. Et puis, je trouve l’idée d’une complicité artistique entre un auteur et un metteur en scène très belle. L’écriture de Stéphane Jaubertie m’inspire beaucoup.
 
Quelles sont, selon vous, les principales qualités de cette écriture ?
N. D’I. : Ses textes jouent beaucoup avec les contrastes. Ce sont comme des partitions musicales. Stéphane possède un véritable instinct d’homme de théâtre, un sens naturel du comique et du tragique, ce qui lui permet de créer des scènes très riches, très colorées. Il y a des moments tendres, des moments drôles, des moments plus tragiques… Le spectateur est sans arrêt sollicité par ces contrastes-là. Quant aux thèmes qui composent ses pièces, on retrouve souvent la relation parents/enfants, l’interrogation sur comment grandir, l’idée de parcours initiatique…
 
Cette notion de parcours initiatique est très forte dans Jojo au bord du monde
N. D’I. : Oui, cette pièce est un peu comme le dernier rendez-vous d’un enfant avant son entrée définitive dans l’adolescence. On peut d’ailleurs tout à fait voir Jojo au bord du monde comme un voyage imaginaire. J’aime penser que tout se passe dans la tête de cet enfant, comme un grand tourbillon fait de questionnements sur la vie, de peurs, de contradictions.
 
« Je souhaite que tous les publics à partir de 9 ans, quels qu’ils soient, puissent se mêler dans une véritable communion de plaisir et de réflexion.  »
 
Toutes ces problématiques sur lesquelles Jojo s’interroge – l’alcoolisme, le trafic d’organes, l’amour, la mort, l’homosexualité… – racontent beaucoup de choses sur le monde d’aujourd’hui.
 
A la tête du Théâtre Nouvelle Génération, vous défendez un art dramatique intergénérationnel. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette notion ?
N. D’I. : Mon théâtre, dans toutes ses composantes (dramaturgiques, scénographiques, textuelles), est destiné à la fois aux enfants, aux adolescents et aux adultes. Bien sûr, il faut déterminer un âge minimum. Mais si l’on se dit, par exemple, que cette limite est de 9 ans, je souhaite que tous les publics à partir de 9 ans, quels qu’ils soient, puissent se mêler dans une véritable communion de plaisir et de réflexion. J’entends par là que les adultes ne doivent pas avoir l’impression d’assister à une représentation conçue pour les enfants et que les enfants ne doivent pas se sentir exclus d’enjeux ou de codes qui leur échappent.
 
Comment parvient-on à cette forme d’équilibre ?
N. D’I. : En ayant, à tous les niveaux, le maximum d’exigence artistique et de rigueur, tout en veillant à ne jamais perdre le contact avec la réalité. J’essaie de faire en sorte que mes partis pris de mise en scène ne soient jamais extrémistes, qu’ils ne favorisent jamais une partie du public au détriment d’une autre.
 
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat


Jojo au bord du monde, de Stéphane Jaubertie ; mise en scène de Nino D’Introna. Du 7 au 22 octobre 2008. Les mardis et samedis à 19h30, les mercredis et dimanches à 15h00. Théâtre de l’Est parisien,159, avenue Gambetta, 75020 Paris. Réservations au 01 43 64 80 80. En tournée du 6 au 8 novembre 2008 au Théâtre de Villefrance-sur-Saône, du 18 au 21 novembre à l’Espace Malraux – Scène nationale de Chambéry, du 8 au 12 décembre à la Scène nationale de Narbonne, du 10 au 13 janvier 2009 au TJP de Strasbourg – Centre dramatique national d’Alsace, les 19 et 20 janvier au Centre Simone-Signoret de Villefontaine, du 23 au 31 janvier au Théâtre Nouvelle Génération – Centre dramatique national de Lyon, le 5 mai à Graine de Spectacle à Clermont-Ferrand, les 13 et 14 mai à la Maison des Arts de Thonon-les-Bains, les 27 et 28 mai au Cratère – Scène nationale d’Ales.

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