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Théâtre - Critique

Encore un tour de pédalos (je hais les gais)

Encore un tour de pédalos (je hais les gais) - Critique sortie Théâtre
Crédit Photo : Giovanni Cittadini Cesi Légende : « Encore un tour de pédalos (je hais les gais) : les Pédalos trente ans après. »

Publié le 10 janvier 2011 - N° 184

Trente ans après la création de son spectacle culte (Essayez donc nos pédalos), Alain Marcel signe Encore un tour de pédalos (je hais les gais). Un cabaret gay militant qui oscille entre autocritique et autocélébration.

C’était en 1978. La marche parisienne contre les discriminations anti-homosexuelles réunissait à peine plus d’un millier de manifestants, la dépénalisation des relations homosexuelles avec des mineurs de plus de quinze ans n’avait pas encore été votée par les parlementaires français, aucun homme politique gay n’osait alors assumer sa vie privée au grand jour. A l’époque, comme l’explique Alain Marcel, parler d’homosexualité était loin d’aller de soi. C’est d’ailleurs pour amuser ses amis que cet artiste aux multiples facettes (comédien, metteur en scène, auteur, compositeur) crée, une nuit d’avril 1978, Nous les Tantes, chanson qui devient un an plus tard l’hymne d’Essayez donc nos pédalos. Du Off d’Avignon au Off de Broadway, en passant par le Québec et divers théâtres parisiens, ce divertissement musical voulant sortir des stéréotypes du travestissement pour porter un regard plus ample sur les modes de vie des homosexuels connaît un succès international et devient une référence culte pour la communauté gay.
                                                                                                
Un tour d’horizon, en chansons, de la planète gay
 
Plus de trente ans ont passé depuis la création d’Essayez donc nos pédalos. La communauté homosexuelle a conquis un droit de visibilité qu’elle n’avait pas en 1978. Prenant compte du changement de notre société, Alain Marcel revient avec des Pédalos au goût du jour. Ils ne sont plus trois, mais quatre : des jeunes comédiens-chanteurs d’origines juive, belge, afro-antillaise et maghrébine (Yoni Amar, Philippe d’Avilla, Steeve Brudey et Djamel Mehnane, accompagnés au piano par Stan Cramer) qui, de chanson en chanson, procèdent à un tour d’horizon du « gay way of life » version 2010. Le résultat est joyeux, distrayant, mais souffre de quelques longueurs. Ce n’est qu’à la toute fin de la représentation que Encore un tour de pédalos (je hais les gais) prend une dimension réellement militante pour rappeler les conséquences les plus tragiques de l’homophobie (hier comme aujourd’hui, ici comme ailleurs) et réaffirmer le combat à mener contre toute forme d’intolérance. Avant cela, les tableaux de ce cabaret mis en scène avec élégance se succèdent gentiment, entre coups de griffes contre certaines afféteries homosexuelles et célébration du droit à la différence.
                                                                                                                  
Manuel Piolat Soleymat      


Encore un tour de pédalos (je hais les gais), texte, musique et mise en scène d’Alain Marcel. Du 18 janvier au 24 février 2011, lundi à 20h30, du mardi au samedi à 19h, dimanche à 17h (relâche les 23,26,31 janvier et les 6,7,8,15 et 22 février) au Théâtre Marigny, 75008 Paris. Tél : 0 892 222 333. Spectacle vu au Théâtre du Rond-Point. Durée : 1h45.

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