Sallinger
Sous la direction de Catherine Marnas, les [...]
Bernard Levy reprend ses mises en scène de Fin de Partie et En attendant Godot. Deux volets d’un diptyque beckettien présenté à la Scène nationale de Sénart et à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet.
Pour lui, il y aura toujours un avant et un après Fin de Partie. La création de la pièce de Samuel Beckett (en septembre 2006, à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet) a en effet marqué, pour Bernard Levy, une nouvelle étape dans son parcours de metteur en scène. Deux ans et demi après ce premier travail, le directeur de la compagnie Lire aux éclats est revenu, en mars 2009, à l’œuvre de l’auteur irlandais en créant En attendant Godot, toujours au Théâtre de l’Athénée. Conçues autour d’un même auteur, d’un même metteur en scène et d’une même équipe de comédiens (Gilles Arbona – Vladimir et Clov, Thierry Bosc – Estragon et Hamm, Georges Ser – Lucky et Nagg, prennent part aux deux spectacles ; Annie Perret interprète Nell dans Fin de Partie ; Patrick Zimmermann – Pozzo et Garlan Le Martelot – L’Enfant jouent dans En attendant Godot), ces deux créations forment les volets d’un même diptyque beckettien. Un diptyque que Bernard Levy a abordé à la façon d’un chef d’orchestre, se pliant de bonne grâce à la contrainte que constitue, chez Samuel Beckett, le respect des didascalies.
Un théâtre au sein duquel tout fait sens
« On se demande souvent comment il convient d’aborder une œuvre aussi particulière, fait ainsi remarquer le metteur en scène à propos des pièces du prix Nobel de littérature 1969. Je crois qu’il faut avancer à la façon d’un chef d’orchestre qui déchiffrerait les notes d’une partition musicale : en cherchant à saisir la portée intime des mots, des phrases, mais aussi des temps, des silences. Car, dans ce théâtre, tout fait sens.* » Ainsi, Bernard Levy a investi Fin de partie et En Attendant Godot en avançant au ras de ces textes, en décryptant scrupuleusement non seulement ce que disent les différents personnages, mais également ce que Samuel Beckett dit de faire et pourquoi il dit de le faire. Comment fait-on pour avancer dans l’existence ? La vie est-elle bien réelle ? Quel est ce phénomène que l’on appelle le temps ? Entre réalisme et abstraction, gravité et drôlerie, entre dépouillement et intensité théâtrale, les deux créations du metteur en scène cherchent à mettre toutes ces questions en perspective. Et à donner corps aux réflexions abyssales que cette écriture soulève « sur la condition de l’homme et son immense difficulté à être ».
Manuel Piolat Soleymat
* La Terrasse n°166, mars 2009.
Sous la direction de Catherine Marnas, les [...]